Le gouvernement a décidé de se lancer dans une bataille sémantique et d'interdire, par décret, l'emploi des termes de boucherie pour désigner les produits végétaux, comme les saucisses végétales ou les lardons vegan. Un beau message alors que le mois de septembre s'avère caniculaire…
Imaginez un peu la scène. Après une longue journée de travail, vous vous retrouvez dans un supermarché bondé en vue de vous ravitailler pour le repas du soir. En vitesse, vous passez de rayon en rayon, et jetez négligemment dans votre panier un steak. Une fois à la maison, prêt à préparer vos burgers vous découvrez l’imposture : il s’agit d’un steak végétal. Dévasté.e, vous vous sentez floué.e, trahi. Et ça, le gouvernement ne saurait le tolérer. Raison pour laquelle, en cette rentrée ambiance « « 40 degré ressentis à l’ombre en septembre », il a jugé bon et prioritaire de « mettre fin aux allégations trompeuses sur les étiquetages », dixit Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture lui-même, dans un communiqué. Ce dernier a présenté, début septembre, un décret visant « l’interdiction d’utiliser pour les denrées alimentaires végétales des dénominations évoquant des denrées alimentaires d’origine animale ». En gros, les produits réalisés à partir de protéines végétales ne pourront plus s’appeler « steak », « lardons » ou « saucisses ».
Alors qu’il est clair pour à près tout le monde que la crise climatique nécessite de réduire drastiquement notre consommation de viande, le ministre considère, lui, qu’interdire ce type d’appellations est un « un enjeu de transparence et de loyauté qui répond à une attente légitime des consommateurs et des producteurs ». Il serait en effet extrêmement dommageable que, sur un malentendu, un Français.e mange un steak végé plutôt qu’une bonne bidoche. Par ailleurs, c'est vraiment prendre nos concitoyen·nes pour des jambons que de penser qu'il puissent confondre ces bons vieux pavés de tofu avec le rayon Charal. Rayons spécifiques, emballages déprim… pardon, différents ! ; et surtout, le mot « végétal » écrit à peu près partout en énorme.
Cette « attente légitime » dont parle le ministre ne serait-il pas plutôt du côté des producteur·trices et acteur·trices de la filière viande ? Depuis plusieurs années, cette dernière fait pression pour changer les noms des produits issus de protéines végétales, inquiète de voir ce secteur, encore minoritaire, se développer et se diversifier. Treeeeebbblllleee Charal !