Au rayon petites annonces au goût douteux, demandez l’Agence du service civique. Jeudi 20 janvier, la Croix-Rouge française publiait sur la plateforme gouvernementale destinée aux jeuneas volontaires de 16 à 25 ans une offre pour le moins alléchante : « Animation de la salle de jeux en zone d’attente de Roissy. » Au menu de la mission : proposer « activités » et « ateliers » aux enfants et rendre la salle de jeux « plus conviviale et agréable ». Rien de bien notable à première vue, à supposer tout de même que l’idée d’un remake du film Nos jours heureux dans les coursives d’un aéroport ne vous effraie pas. Mais reste un petit détail. Oh, pas grand-chose.
Dans cette fameuse « zone d’attente », ce ne sont en effet pas de simples petits garnements en transit entre deux capitales européennes que vous trouverez. Non, on parle ici d’apporter « un moment de répit et de bien-être » à des mineur·es étranger·ères accompagné·es ou isolé·es, enfermé·es plusieurs semaines dans l’aéroport parisien en attendant que l’administration française ne statue sur leur sort, à savoir le droit d’asile ou, le plus souvent, le retour au pays. Si l’intention humanitaire est louable, afin d’apporter un peu de réconfort à ces enfants aux parcours de vie bien trop souvent chaotiques, cette annonce s’apparente tout de même à une tentative gouvernementale d’humaniser une période de rétention particulièrement angoissante. Et confier cette tâche à des adolescent·es sans formation particulière a de quoi laisser songeur. Enfin, on exagère, puisqu’une « formation PSC1 pour acquérir les gestes de premiers secours » et une « formation civique et citoyenne » sont à la clé pour les jeunes volontaires − au passage payé·es au lance-pierre. Si l’on peut se permettre un conseil pour leur premier jour de boulot : évitez la balle aux prisonniers. Ça ferait un peu ton sur ton.