Certes, pour l’instant, on a seulement vu la bande-annonce, mais franchement, elle n’augure rien de bon. Les Segpa, d’Hakim et Ali Bougheraba, adapté d’une série YouTube du même nom, sortira en avril prochain. Coproduit par la crème de la nouvelle Nouvelle Vague Cyril Hanouna, le film s’annonce comme un gros navet de plus dans le panier des nanars français (la série, déjà, fait dans le lourdingue souvent cracra) : des ados qui rechignent à se lever pour aller en classe, quand ce ne sont pas leurs parents qui préféreraient qu’ils restent à la maison. Une image subliminale de jeune fille inaccessible traverse à un moment la bande-annonce, et on comprend que, pour la séduire, les jeunes gens devront s’extraire de leur condition de cancres.
Finalement, le film semble condenser tous les clichés qui stigmatisent depuis de longues années ces sections d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa). Ces élèves aux parcours familiaux souvent compliqués et aux histoires parfois douloureuses, ce sont déjà celles et ceux qui sont moqué·es dans les cours des collèges, souvent ostracisé·es comme des « cas sociaux », que des professeur·euses engagé·es défendent corps et âme. D’où l’agacement qui a saisi plusieurs d’entre elles et eux lorsque Cyril Hanouna a fièrement diffusé la bande-annonce du film sur Twitter. « Mes élèves […] ne sont pas les abruti·es qui m’ont été donné·es à voir dans la bande-annonce et dans la série YouTube dont le film est tiré », a ainsi tancé Rachid Zerrouki, professeur à Marseille en Segpa, dans une interview donnée à France 3, le 5 janvier. Mais la nuance entre « rire avec » et « rire de » semble trop subtile pour certain·es.