Formation “au leadership vibratoire et capacitant”, “pédagogie quantique”, retraite dans un centre bouddhiste… À l’université Paul-Valéry, un master en sciences de l’éducation à la sauce new age est sous le feu des critiques.
Vous avez aimé la “crème quantique” de Guerlain ? Vous allez adorer la pédagogie, tout aussi “quantique” de l’université Paul-Valéry. Spécialisée dans les sciences humaines et sociales, la faculté montpelliéraine subit de profondes secousses vibratoires depuis le 17 avril. La faute à un tweet de G Milgram, un youtubeur spécialisé dans l’analyse critique des pseudo-sciences, qui a partagé la fiche de présentation de la formation “Parcours responsable d’évaluation, de formation et d’encadrement”, dispensée par l’université.
Ce cursus, qui s’inscrit dans le cadre du master 2 sciences de l’éducation et de la formation, s’adresse à des “responsables d’encadrement”, des “accompagnateurs de changements”, “coachs”, “formateurs”, “directeurs d’établissement”, “chefs d’entreprises” ou “cadres managers”… Bref, des professionnel·les qu’il s’agit ici d’accompagner “vers la bienvivance” et de sensibiliser “à la pleine conscience”, à la bienveillance et à la résilience, “en développant leur capital émotionnel”.
“Connexion vibratoire” et retraite en centre bouddhiste
D’ailleurs, il ne s’agit pas seulement d’approfondir ses connaissances professionnelles. Véritable “Trans-Formation”, ce parcours, créé en 2011, invite aussi les étudiant·es “à se ‘transformer’ et s’émanciper de croyances limitantes”. Tout ça “dans une approche pédagogique quantique”, donc. Mais que vient faire la science quantique, qui se réfère à l’infiniment petit, dans un cursus de sciences de l’éducation consacré à l’encadrement humain ?
“Le master s’appuie sur les résultats des travaux des sciences dures sur le quantique ; précisément ou particulièrement, les effets quantiques dans les processus neuronaux sur la conscience, dans une approche atomiste et holistique. On a juste pas les outils au sens cartésien du terme pour le mesurer, mais on est tous intriqués avec les plantes, les animaux, ce n’est pas un hasard si nous sommes tous arrivés dans l’univers, il y a une connexion vibratoire entre nous”, a expliqué Bénédicte Gendron, fondatrice et responsable du master, au média local Le Poing, dans un article paru le 18 avril.
Depuis, l’enseignante – qui fut également vice-présidente de l’université Montpellier de 2012 à 2016 – ne s’est plus exprimée publiquement. Et la faculté a préféré supprimer le mot “quantique” de son site. Mais le master, lui, se propose toujours de former les étudiant·es “au leadership capacitant et vibratoire”. Pour comprendre de quoi il retourne, Causette a contacté l’université Paul-Valéry qui, pour l’heure, n’a pas été en mesure de répondre à nos questions.
Dommage, car nous aurions aussi aimé en savoir plus sur la semaine de “retraite” prévue, dans le cadre de ce master, au Centre Lerab Ling. Soit un centre de retraite bouddhiste qui, bien que “placé sous le gracieux parrainage de Sa Sainteté le Dalaï-Lama”, a été au cœur, ces dernières années, d’une enquête interne accablante et de nombreuses accusations d’abus (sexuels, physiques, financiers…). Pas sûr que ce soit le plus propice à la “connexion vibratoire”… ni très raccord avec les principes (laïcs) de l’université.