Les ratés du 8 mars se font de plus en plus rares et c'est heureux. À force de matraquer avec toute la patience du monde que le 8 mars, c'est pas la teuf de la meuf mais la Journée internationale des droits des femmes, la chose commence à entrer dans les esprits. Mais la créativité de nos compatriotes étant sans limite, on n'est jamais au bout de nos surprises.

1. La police du Puy-de-Dôme en grande forme
Vraiment merci à @PoliceNat63 qui, sur Twitter, érige des statues aux « #hommes » qui, dans leurs grandes largesses, ont toléré les revendications des femmes dans l'accès à leurs droits ! C'est vrai ça, on l'oublie trop souvent mais Jules Ferry a institué les écoles de filles (avec un cours de « soins du ménage et ouvrages de femmes », faut pas déconner), Jaurès n'avait rien contre l'idée de faire voter les femmes un de ces quatre et de Gaulle leur a offert l'accès aux urnes parce qu'elles avaient été vaillantes durant la guerre. Osons-le : derrière chaque grande féministe se cache un homme bienveillant !
Note : 8/3 pour l'effort de mise en perspective historique

2. Pornhub nous prend pour des quichasses
Au cœur d'une enquête du New York Times en décembre 2020 révélant qu'il hébergeait des milliers de vidéos de viols sous couvert de porno, le site Pornhub a paré son logo de violet (couleur du féminisme) et du signe symbolisant le féminin. Si ce n'était pas assez clair, Pornhub nous a également souhaité un « joyeux jour international des femmes ». Viols filmés, scènes de sexe ultra violentes ou humiliant les actrices, rapports sans préservatif, conditions de travail désastreuses... L'industrie pornographique sur laquelle repose le site est une gifle à toutes les femmes qu'un hypocrite logo violet ne fait que parer de cynisme.
Note : 8/3 pour le culot

3. Les talons aiguille du désespoir
Un 8 mars sans initiative municipale foireuse, c'est un peu comme une guerre sans passage de BHL à la télé : on voudrait bien que ça n'existe pas et en même temps si cela ne survenait pas, on se demanderait bien comment cela se fait.
Voici donc la mairie des 13è et 14è arrondissements de Marseille qui, avec force bonnes intentions, dégaîne le fameux escarpin 14 cm rouge (celui que vous mettez pour aller manifester, cela se sait) pour nous parler à nous les fâââmes. Il est ici accompagné de son traditionnel « défilé de mode », parce que la lutte pour l'égalité des droits c'est bien gentil mais autant être sapée pour la mener.
Note : 8/3 pour la perpétuation du folklore

4. La récup' 8 mars la plus cheloue de l'année
Que penser de la tentative de « coup » (de fourchette) de l'entreprise de livraison de plats à domicile FoodChéri à l'occasion de cette journée des droits des femmes ? D'un, la référence à la journée internationale des droits des femmes est un peu tirée par les cheveux. Il nous a fallu mettre en branle nos neurones pour comprendre que chez FoodChéri, une fourchette = une femme, contrairement au couteau qui, si on a tout saisi, serait son versant masculin. On n'avait jamais pensé à genrer les couverts mais franchement, pourquoi pas, on genre bien les rasoirs. Donc ok, partons du principe qu'une start-up de livraison de repas puisse avec pertinence s'associer à la Journée internationale des droits des femmes avec ces métaphores, on est d'humeur joueuse.
Ensuite, ça se complique un peu. Leur mail à l'adresse de leurs client·es n'est pas parti le 8 mars à la suite d'une erreur technique. Franchement, si vous voulez notre avis, on aurait pu en rester là et passer à autre chose, parce que ce n'était quand même pas le positionnement politique de l'année. Mais non ! Trop contente de son plan com', l'équipe de FoodChéri a tenu à l'envoyer LE LENDEMAIN. Pour vraiment pas louper l'occas'. Et c'est plutôt gênant.
Note : 8/3 pour l'opiniâtreté

Hors concours : en marge du 8 mars
Ce n'est pas une initiative « 8 mars » à proprement parler, encore que, on n'en sait rien, autant les gens derrière le compte Twitter du LOSC se sont dit que ce serait un « petit clin d'œil sympa » aux surportrices histoire qu'elles se sentent à l'aise en tribunes.
Le (ou la, mais on en doute) community manager s'est donc permis un petit jeu de mot - « entrée gratuite sur pass vaginal » mouahahah, excellent, Gaston ! - pour nous inviter nous les femmes nous le charme à un match de l'équipe féminine (D2) du club de foot de Lille. Reste l'éventualité que tout ceci ne soit qu'une banale erreur de frappe. Très lacanienne, la coquille.
Note : 8/3 pour la contrepèterie