Un placement de produit dans un clip peut être une véritable aubaine pour votre petite entreprise. Mais Diariata N’Diaye, qui a créé App-Elles, une application pour aider les femmes victimes de violences ou de harcèlement, ne s’attendait pas à ce qu’un label de musique la sollicite en lui demandant… 12 000 euros pour que son appli figure dans le clip au concept « ultra girl power dans l’air du temps » d’une jeune chanteuse engagée contre le harcèlement !
« Dans ce clip, s’enthousiasme le mail envoyé par le label à Diarata début septembre, [la chanteuse] Léa Paci attend son bus à l’arrêt, écoute de la musique en dansant, en regardant votre application sur son téléphone. » L’argument marketing : valoriser un outil qui permet d’envoyer à des proches de la victime une alerte et un enregistrement audio de ce qui se passe aux alentours. Et, attention, le scénario est des plus réalistes. « S’ensuit une altercation avec deux hommes venant l’accoster lourdement, Léa se défend tout en continuant à danser. »
Diariata N’Diaye préfère en rire. « C’est rare, les femmes qui continuent de danser quand elles sont agressées ! J’ai évidemment décliné : mon application a été lancée avec mes propres fonds, puis développée à l’aide de subventions. Elle est gratuite et surtout pas lucrative ! » Et d’accuser d’autres applications proposant les mêmes services en version payante d’avoir créé une confusion entre solidarité et profit : « La lutte contre les violences ne peut pas être un business, ça ne marche pas. »
Contacté par Causette, le label, lui, pris en flagrant délit de feminism washing a préféré ne pas donner suite à notre demande d’interview.