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La loi, l’esprit de la loi et la hache de guerre

MONTAGE A
© Causette

Ah bah nickel. En nom­mant, en 2018, onze femmes et cinq hommes à des postes de directeur·rices et sous-directeur·rices, la maire de Paris, Anne Hidalgo, pen­sait œuvrer pour com­bler le retard de la com­mune sur la pari­té des cadres de la fonc­tion publique. Ces nomi­na­tions ont d’ailleurs per­mis à la Ville d’aboutir au taux de 47 % de femmes cadres supé­rieures en son sein. Mais cet effort de rat­tra­page a été jugé trop rapide par l’administration de l’état… Qui a taxé Paris d’une amende de 90 000 euros pour non-​respect de la pari­té, a‑t-​on appris dans les colonnes du Monde le 11 décembre.

Dans sa note expli­ca­tive, le minis­tère de la Fonction publique a d’abord féli­ci­té la mai­rie, obser­vant que « ce chiffre très éle­vé contri­bue for­te­ment à la fémi­ni­sa­tion des emplois de l’encadrement supé­rieur et diri­geant » de la Ville… Avant de mieux lui taper sur les doigts : « Il abou­tit tou­te­fois à un non‑respect de l’objectif légal de 40 % de nomi­na­tions de per­sonnes de chaque sexe dans ces emplois. » Cette dis­po­si­tion a été abro­gée en 2019 pour évi­ter de se retrou­ver dans de telles situa­tions absurdes. Mais puisque ces pro­mo­tions ont eu lieu en 2018, et que nos lois ne sont pas rétroactives…

De son côté, Anne Hidalgo a vu en cette amende l’oppor­tunité d’une mise en scène fémi­niste façon Walkyries che­vau­chant le patriar­cat : « J’irai moi-​même por­ter ce chèque à la ministre de la Fonction publique avec mes adjointes, mes direc­trices et l’ensemble des femmes du Secrétariat géné­ral, donc on va être nom­breuses, annonce la maire lors du Conseil de Paris du 15 décembre. Et je pro­po­se­rai, bien sûr, à toutes les pré­si­dentes de groupe, majo­ri­té comme oppo­si­tion, de se joindre à nous si elles le souhaitent. »

Pas le temps de four­bir les armes que la ministre, Amélie de Montchalin, dégou­pillait sa gre­nade de soro­ri­té en rétor­quant sur Twitter : « La cause des femmes mérite mieux ! Nous avons abro­gé cette dis­po­si­tion absurde dès 2019. Je veux que l’amende payée par Paris pour 2018 finance des actions concrètes de pro­mo­tion des femmes dans la fonc­tion publique. Je vous invite au minis­tère pour les évo­quer ! » Et c’est comme ça que, sur l’autel de 90 000 euros, femmes de tout bord poli­tique firent la nique en com­mun aux entraves à la pari­té en politique.

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