La publicité diffusée début juin à la télé indienne a finalement été censurée par le gouvernement.
Gros malaise. Le 4 juin dernier, vous pouviez regarder entre deux programmes sur la télé indienne une publicité de très bon goût (non). Une première séquence au supermarché, où une jeune femme s’avance vers les rayons pour prendre un shampoing. Au même moment, quatre hommes fixent les-dits rayons dans sa direction, avec une convoitise non dissimulée. « Nous sommes quatre. Et il n’y en a qu’une. Qui va tirer son coup ? » (« who will take the shot » en anglais), se demandent-ils. La jeune femme se retourne alors brusquement, choquée et clairement effrayée face à eux. Mais coup de théâtre : elle se rend compte qu’ils ne la toisent pas, elle, mais plutôt la seule fiole de déodorant restante de la marque « Layer’r Shot » sur l’étagère.
Dans une autre version toute aussi charmante, même scénario : un couple partage un moment d’intimité dans une chambre, quand ils sont surpris par quatre amis du garçon. Face à la jeune fille complètement apeurée, un des hommes demande « alors, tu l’as prise ? », « oui, ça y est » répond le jeune homme sur le lit, fier de lui. « Alors c’est à notre tour », renchérit l’un des amis en remontant ses manches, se léchant presque les babines, et s’avançant vers la jeune fille. Mais là encore, grosse surprise : l’homme se tourne en fait vers la bouteille de parfum ! Focus sur le visage soulagé de la jeune indienne, puis plan serré sur les quatre hommes, présentant le déodorant parfumé : « Ça demande un coup ! », (« it calls for a shot » en anglais) clame-t-il comme slogan final.
Évidemment, tollé général. Des stars de Bollywood se sont insurgé·es contre l’ambiguïté malsaine de la pub, entre promotion du viol collectif et d’un déodorant à l’odeur douteuse. L’affaire est remontée jusqu’au ministère de l’Information de la Radiodiffusion indien, qui a, depuis, retiré les publicités et entamé une enquête, conformément aux codes de la publicité. L’actrice et chanteuse indienne Priyanka Chopra s’est indignée sur Twitter : « Honteux et dégoutant. Combien de personnes ont pensé que c’était acceptable ? » Richa Chadha, actrice indienne, a elle aussi immédiatement réagi sur les réseaux sociaux : « Pour réaliser une publicité, une marque passe par plusieurs niveaux de décision. Créatifs, scénario, agence, client, casting… est-ce que tout le monde pense que le viol est une blague ? » Nous aussi, on se le demande.