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Capture d'écran de la publicité pour les déodorants Layer'r Shot, le 4 juin 2022

Inde : une pub puante pro­mou­vant déodo­rant et viol collectif

La publi­ci­té dif­fu­sée début juin à la télé indienne a fina­le­ment été cen­su­rée par le gouvernement.

Gros malaise. Le 4 juin der­nier, vous pou­viez regar­der entre deux pro­grammes sur la télé indienne une publi­ci­té de très bon goût (non). Une pre­mière séquence au super­mar­ché, où une jeune femme s’avance vers les rayons pour prendre un sham­poing. Au même moment, quatre hommes fixent les-​dits rayons dans sa direc­tion, avec une convoi­tise non dis­si­mu­lée. « Nous sommes quatre. Et il n’y en a qu’une. Qui va tirer son coup ? » (« who will take the shot » en anglais), se demandent-​ils. La jeune femme se retourne alors brus­que­ment, cho­quée et clai­re­ment effrayée face à eux. Mais coup de théâtre : elle se rend compte qu’ils ne la toisent pas, elle, mais plu­tôt la seule fiole de déodo­rant res­tante de la marque « Layer’r Shot » sur l’étagère.

Dans une autre ver­sion toute aus­si char­mante, même scé­na­rio : un couple par­tage un moment d’intimité dans une chambre, quand ils sont sur­pris par quatre amis du gar­çon. Face à la jeune fille com­plè­te­ment apeu­rée, un des hommes demande « alors, tu l’as prise ? », « oui, ça y est » répond le jeune homme sur le lit, fier de lui. « Alors c’est à notre tour », ren­ché­rit l’un des amis en remon­tant ses manches, se léchant presque les babines, et s’avançant vers la jeune fille. Mais là encore, grosse sur­prise : l’homme se tourne en fait vers la bou­teille de par­fum ! Focus sur le visage sou­la­gé de la jeune indienne, puis plan ser­ré sur les quatre hommes, pré­sen­tant le déodo­rant par­fu­mé : « Ça demande un coup ! », (« it calls for a shot » en anglais) clame-​t-​il comme slo­gan final. 

Évidemment, tol­lé géné­ral. Des stars de Bollywood se sont insurgé·es contre l’ambiguïté mal­saine de la pub, entre pro­mo­tion du viol col­lec­tif et d’un déodo­rant à l’odeur dou­teuse. L’affaire est remon­tée jusqu’au minis­tère de l’Information de la Radiodiffusion indien, qui a, depuis, reti­ré les publi­ci­tés et enta­mé une enquête, confor­mé­ment aux codes de la publi­ci­té. L’actrice et chan­teuse indienne Priyanka Chopra s’est indi­gnée sur Twitter : « Honteux et dégou­tant. Combien de per­sonnes ont pen­sé que c’était accep­table ? » Richa Chadha, actrice indienne, a elle aus­si immé­dia­te­ment réagi sur les réseaux sociaux : « Pour réa­li­ser une publi­ci­té, une marque passe par plu­sieurs niveaux de déci­sion. Créatifs, scé­na­rio, agence, client, cas­ting… est-​ce que tout le monde pense que le viol est une blague ? » Nous aus­si, on se le demande.

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