Vous avez aimé le grand écart facial, vous allez adorer le grand écart fiscal. Une discipline ultra prisée en Europe, dans laquelle les États font équipe avec les multinationales pour permettre à celles-ci de payer le moins d’impôts possible. La règle du jeu est la suivante : côté pile, les autorités publiques fixent un taux d’imposition officiel (le « taux d’imposition nominal », comme on dit dans le jargon), auquel sont soumis les bénéfices des entreprises. Mais, côté face, le « taux d’imposition effectif » correspond à ce que payent réellement les multinationales, une fois qu’elles ont « optimisé » leurs impôts. Et à l’arrivée – surprise ! –, ces groupes aux profits colossaux cotisent bien moins que ce qui est officiellement affiché, comme le révèle un rapport commandé par les eurodéputés écologistes, et rendu public fin janvier. De quoi s’arracher les cheveux : « Plus une multinationale est grande, plus son taux d’imposition est faible. »
Sur les vingt-huit pays de l’Union européenne, vingt-quatre réduisent ainsi l’ardoise des géants de l’économie mondiale. Le champion en la matière étant le Luxembourg, où les multinationales, censées verser 29 % de leurs bénéfices au fisc, n’en donnent en moyenne que… 2 %. En haut du podium, on retrouve également la Hongrie (8 % au lieu de 19 %), les Pays-Bas (10 % au lieu de 25 %) ou la Belgique (14 % au lieu de 34 %). Quant à la France, les profits des multinationales y sont taxés à 17 %… au lieu des 33 % affichés. Les paradis fiscaux, c’est finalement pas le bout du monde…