Quiche Olivier Véran
© montage Causette Audran Demierre / Wikimedia Commons / PNG Pixabay

Olivier Véran, ex-​ministre de la Santé, se recon­ver­tit en méde­cin esthé­tique : pour l'exemplarité, on repassera

Neurologue de pro­fes­sion, celui qui fut ministre de la Santé se lance désor­mais dans la méde­cine esthé­tique. Une déci­sion qui ne passe pas crème dans le milieu médi­cal, qui connaît une forte pénu­rie de professionnel·le en neu­ro­lo­gie, jus­te­ment. Qu’on se ras­sure cepen­dant, Olivier Véran ne tou­che­ra “ni à des pénis ni à des fes­siers”. L’honneur est sauf ?

L’ancien ministre de la Santé Olivier Véran retourne sa blouse. Alors que le sec­teur médi­cal connaît une pénu­rie de professionnel·les, notam­ment en neu­ro­lo­gie (il y a actuel­le­ment en France moins de cinq neu­ro­logues pour 100 000 habitant·es), et que l’hôpital public tra­verse une crise pro­fonde, celui qui fut aus­si porte-​parole du gou­ver­ne­ment, neu­ro­logue de pro­fes­sion, a annon­cé se lan­cer dans la chi­rur­gie esthé­tique dans le pri­vé. Une déci­sion depuis pas­sée au scal­pel par le milieu médi­cal, tan­dis que l’intéressé se défend de vou­loir pra­ti­quer des phal­lo­plas­ties (opé­ra­tions pour aug­men­ter la taille du pénis). Une vraie boucherie.

Du beurre dans les nibards

Le sym­bole est ter­rible, a notam­ment réagi Olivier Milleron, du Collectif inter-​hôpitaux, dans Le MondeAller faire de la méde­cine de confort pour des gens riches quand l’hôpital est en crise et manque de bras, en par­ti­cu­lier en neu­ro­lo­gie, c’est quand même triste. Sans comp­ter le signal déplo­rable de quit­ter le public pour le pri­vé lucra­tif.” De nom­breuses voix se sont éle­vées de concert pour dénon­cer l’hypocrisie de l’ancien ministre et actuel dépu­té de l’Isère. Décidément, on ne peut plus mettre du beurre dans les nibards tranquille.

Olivier Véran offi­cie­ra en effet dans la clin­quante Clinique des Champs-​Elysées, pri­sée des influenceur·euses, et qui "pro­pose des inter­ven­tions auréo­lées de la 'French Touch', cette signa­ture gla­mour, dis­crète, natu­relle et raf­fi­née si recher­chée en esthé­tique", à en croire son site inter­net. Voyez, le dépu­té n'est peut-​être pas tant atti­ré par l'appât du gain que par la pro­messe de pré­ser­va­tion du patri­moine French Touch fran­çais. "'Aider les gens'… du 8e arron­dis­se­ment", a iro­ni­sé, sur X, le dépu­té LFI François Ruffin, qua­li­fiant le quar­tier de "désert médi­cal pour stars et influen­ceurs, entre la Tour Eiffel et l'Arc de Triomphe…". On aura beau dire, l'accès aux soins n'est pas tou­jours facile pour l'élite du 8ème, avec tous ces monu­ments qui bloquent le passage. 

Ni pénis, ni fessiers

Interrogé ce jeu­di dans Le Parisien, Olivier Véran avance pour sa part que “quoi [qu’il] fasse, il y aurait eu des cri­tiques”. Si l’on pour­rait arguer que per­sonne n’aurait rien trou­vé à redire si le neu­ro­logue avait choi­si de gen­ti­ment rega­gner l’hôpital public, le dépu­té affirme que ce n’était pas si simple : “Il m’a paru extrê­me­ment com­pli­qué de reprendre la neu­ro­lo­gie au CHU, d’une part parce que la dis­ci­pline a très for­te­ment évo­lué sur le plan thé­ra­peu­tique […], et deux, je me suis très vite ren­du compte en dis­cu­tant notam­ment avec quelques patients que l’étiquette de ministre que j’ai sur le front per­tur­bait la rela­tion thé­ra­peu­tique.”

Pas de per­tur­ba­tion de ce genre avec la clien­tèle de la Clinique des Champs-​Élysées, répu­tée dis­crète et tran­quille, tant que le coup de main du·de la praticien·ne lui injec­tant le botox est assu­ré.On pour­rait éga­le­ment objec­ter que le dépu­té passe actuel­le­ment des diplômes à la facul­té de san­té de Créteil pour apprendre la méde­cine esthé­tique et aurait donc en toute logique pu tout autant user de ce temps pour se remettre à jour sur le plan thé­ra­peu­tique en neu­ro­lo­gie, mais ça serait mau­vaise langue. 

À son nou­veau tra­vail – où il n’officiera qu’une fois par semaine pour pou­voir conti­nuer à exer­cer son acti­vi­té de dépu­té, le ser­vice aux Français·es avant tout –, Olivier Véran ne s’occupera donc pas de chi­rur­gie esthé­tique. Il se consa­cre­ra à la méde­cine esthé­tique, “avan­çant le chiffre de ‘15 %’ de Français qui en béné­fi­cie­raient, et [assu­rant] ne pas savoir com­bien il gagne­ra pour cette jour­née heb­do­ma­daire”, rap­porte Le Parisien. Ministre de la Santé en pleine crise du Covid, celui qui décla­rait dans un dis­cours en novembre 2021 n’avoir “pas eu besoin de fran­chir les portes du minis­tère de la Santé pour mesu­rer ce que signi­fie por­ter la blouse blanche”, iro­nise aujourd’hui auprès du quo­ti­dien qu’il ne tou­che­ra ain­si “ni à des pénis ni à des fes­siers” dans le cadre de son nou­veau job. Le seul faux-​cul, ce sera lui.

Lire aus­si I Alerte bon plan soignant·es : pour tout dimanche tra­vaillé, 8 euros offerts !

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