Neurologue de profession, celui qui fut ministre de la Santé se lance désormais dans la médecine esthétique. Une décision qui ne passe pas crème dans le milieu médical, qui connaît une forte pénurie de professionnel·le en neurologie, justement. Qu’on se rassure cependant, Olivier Véran ne touchera “ni à des pénis ni à des fessiers”. L’honneur est sauf ?
L’ancien ministre de la Santé Olivier Véran retourne sa blouse. Alors que le secteur médical connaît une pénurie de professionnel·les, notamment en neurologie (il y a actuellement en France moins de cinq neurologues pour 100 000 habitant·es), et que l’hôpital public traverse une crise profonde, celui qui fut aussi porte-parole du gouvernement, neurologue de profession, a annoncé se lancer dans la chirurgie esthétique dans le privé. Une décision depuis passée au scalpel par le milieu médical, tandis que l’intéressé se défend de vouloir pratiquer des phalloplasties (opérations pour augmenter la taille du pénis). Une vraie boucherie.
Du beurre dans les nibards
“Le symbole est terrible, a notamment réagi Olivier Milleron, du Collectif inter-hôpitaux, dans Le Monde. Aller faire de la médecine de confort pour des gens riches quand l’hôpital est en crise et manque de bras, en particulier en neurologie, c’est quand même triste. Sans compter le signal déplorable de quitter le public pour le privé lucratif.” De nombreuses voix se sont élevées de concert pour dénoncer l’hypocrisie de l’ancien ministre et actuel député de l’Isère. Décidément, on ne peut plus mettre du beurre dans les nibards tranquille.
Olivier Véran officiera en effet dans la clinquante Clinique des Champs-Elysées, prisée des influenceur·euses, et qui "propose des interventions auréolées de la 'French Touch', cette signature glamour, discrète, naturelle et raffinée si recherchée en esthétique", à en croire son site internet. Voyez, le député n'est peut-être pas tant attiré par l'appât du gain que par la promesse de préservation du patrimoine French Touch français. "'Aider les gens'… du 8e arrondissement", a ironisé, sur X, le député LFI François Ruffin, qualifiant le quartier de "désert médical pour stars et influenceurs, entre la Tour Eiffel et l'Arc de Triomphe…". On aura beau dire, l'accès aux soins n'est pas toujours facile pour l'élite du 8ème, avec tous ces monuments qui bloquent le passage.
Ni pénis, ni fessiers
Interrogé ce jeudi dans Le Parisien, Olivier Véran avance pour sa part que “quoi [qu’il] fasse, il y aurait eu des critiques”. Si l’on pourrait arguer que personne n’aurait rien trouvé à redire si le neurologue avait choisi de gentiment regagner l’hôpital public, le député affirme que ce n’était pas si simple : “Il m’a paru extrêmement compliqué de reprendre la neurologie au CHU, d’une part parce que la discipline a très fortement évolué sur le plan thérapeutique […], et deux, je me suis très vite rendu compte en discutant notamment avec quelques patients que l’étiquette de ministre que j’ai sur le front perturbait la relation thérapeutique.”
Pas de perturbation de ce genre avec la clientèle de la Clinique des Champs-Élysées, réputée discrète et tranquille, tant que le coup de main du·de la praticien·ne lui injectant le botox est assuré.On pourrait également objecter que le député passe actuellement des diplômes à la faculté de santé de Créteil pour apprendre la médecine esthétique et aurait donc en toute logique pu tout autant user de ce temps pour se remettre à jour sur le plan thérapeutique en neurologie, mais ça serait mauvaise langue.
À son nouveau travail – où il n’officiera qu’une fois par semaine pour pouvoir continuer à exercer son activité de député, le service aux Français·es avant tout –, Olivier Véran ne s’occupera donc pas de chirurgie esthétique. Il se consacrera à la médecine esthétique, “avançant le chiffre de ‘15 %’ de Français qui en bénéficieraient, et [assurant] ne pas savoir combien il gagnera pour cette journée hebdomadaire”, rapporte Le Parisien. Ministre de la Santé en pleine crise du Covid, celui qui déclarait dans un discours en novembre 2021 n’avoir “pas eu besoin de franchir les portes du ministère de la Santé pour mesurer ce que signifie porter la blouse blanche”, ironise aujourd’hui auprès du quotidien qu’il ne touchera ainsi “ni à des pénis ni à des fessiers” dans le cadre de son nouveau job. Le seul faux-cul, ce sera lui.
Lire aussi I Alerte bon plan soignant·es : pour tout dimanche travaillé, 8 euros offerts !