Peut-on à la fois s’alarmer de la disparition des abeilles et approuver des lois qui nuisent à ces insectes ? Chez les députés Les Républicains (LR), oui. Fin décembre 2018, dans Le Monde, trente-six parlementaires s’émouvaient de la « multiplication des substances chimiques dans l’environnement » et plaidaient pour « un véritable plan de sauvegarde » des butineuses. « Qu’attendons-nous ?! » s’interrogeaient-ils.
Sur une intuition, Stéphane Foucart, journaliste au Monde, a donc examiné leurs positions dans le récent projet de loi dit « Egalim », sur l’agriculture et l’alimentation. Bingo : « Sur les trente-six députés signataires de l’appel à sauver les abeilles, trente ont soutenu au moins un amendement contestant l’interdiction des néonicotinoïdes [des insecticides qui contribuent largement à la disparition des insectes, ndlr] », a révélé le journaliste, le 5 janvier. Plus largement, trente-trois d’entre eux ont signé un amendement qui assouplit l’interdiction d’usage des pesticides d’une manière ou d’une autre. « J’ai contacté les trente-six députés, j’ai eu peu de réponses, déplore Stéphane Foucart. Ce n’est pas seulement de la négligence, c’est de la tromperie active. Ils sont complètement irresponsables quant à leur devoir de communiquer de façon cohérente. » Remarquez, ils ne sont pas les seuls à donner dans « l’incohérence » : mi-janvier, le député LR Jean-Marie Sermier s’est ainsi vanté sur Twitter de manger « une bonne viande » tous les lundis midi – « en réaction à l’appel de 500 pseudo-stars et bobos qui voudraient empêcher les Français de manger de la viande ». Ce monsieur qui a tweeté son steak-frites est accessoirement vice-président de la commission développement durable de l’Assemblée nationale. Dans « contradiction », il y a… ?