C’est sympatoche, quand notre commissaire européen pour l’environnement – Virginijus Sinkevičius, si vous ne connaissiez pas son nom – pose avec Greta Thunberg en nous incitant tous et toutes à souffler le « wind of change » (vent du changement) environnemental sur une photo Twitter, début mars. Faut dire que les nouvelles étaient très bonnes : un rapport publié peu avant nous apprenait qu’en 2019, l’Union européenne (UE) a produit plus d’énergie avec du solaire et de l’éolien qu’avec du charbon, dont on sait qu’il pollue incroyablement. C’est moins joli joli d’apprendre que, parallèlement, l’UE dépend en réalité de plus en plus de l’électricité produite par les usines à charbon d’opportuns voisins européens (Ukraine, Russie…), qu’elle importe allègrement.
La belle opération de sous-traitance est révélée par l’ONG environnementale Ember, qui collabore notamment avec le prestigieux quotidien britannique The Guardian. Elle conclut que ces petits « havres de carbone offshore » émettent « environ 26 millions de tonnes de CO₂ » par an. Soit « plus que les émissions annuelles du parc à charbon en Italie », estime-t-il. « Produire le même volume d’électricité depuis les pays de l’UE qui l’importent, note le rapport, aurait dégagé 11 millions de tonnes de CO₂ en moins. » Mais bon, cela nous aurait coûté en taxes carbone, nous explique l’ingénieur à la tête de l’étude, là où nos voisins « n’ont pas à payer pour leur pollution », faute de législation. L’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs.

Enfumage au charbon