Dur, dur d’être un·e jeune noble dans la France du XXIe siècle ! N’ayant plus de roi pour leur montrer le chemin à travers l’idéal méritocratique républicain, les aristos sont bien obligé·es de se serrer les coudes. En 2017, l’Association d’entraide de la noblesse française (ANF) lance ainsi son prix d’Excellence afin de « soutenir matériellement et moralement des jeunes qui vont sans doute jouer un rôle à responsabilité dans la société française ».
Dans ce petit monde qui compte queque cent mille individus et dont les noms interviennent régulièrement dans les colonnes de la presse économique, les rejetons de l’Ancien Régime semblent avoir besoin d’une bourse pour devenir chef·fe d’entreprise. Bien au-dessus de celle du Crous, l’aristocratique récompense de 10 000 euros « encourage et valorise le travail, l’ambition et la recherche de l’excellence ». Pour y prétendre, il faut avoir entre 18 et 30 ans et commencer ou poursuivre des études supérieures dans l’année qui vient.
La ressemblance avec notre chère administration française s’arrête ici. À la différence de nous autres, roturier·ères, point besoin ici de préciser ses revenus. Seul compte le sang… bleu. Les jeunes aristocrates prometteur·ses doivent impérativement porter un nom inscrit dans la table des familles de l’ANF. Nous y avons fait un tour : si votre nom ne commence pas par « de », « du » ou « d’ », passez votre chemin. Les candidatures pour l’édition 2021 sont ouvertes et doivent être envoyées avant le 15 mai. Il est précisé que le formulaire doit être accompagné d’une lettre de présentation. Nous conseillons donc aux damoiselles et damoiseaux qui se risqueraient à postuler d’envoyer dans une lettre de cachet un arbre généalogique complet et les armoiries familiales. Espérons que cet entre-soi princier ne soit pas perçu comme un repli communautaire teinté de séparatisme par notre gouvernement.