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En matière de tri sélec­tif, la ville sué­doise de Malmö ne sépare pas le sexisme de l’écologie

Sur le pont Davidshall à Malmö, des pou­belles par­lantes remer­cient d’une façon très par­ti­cu­lière les passant·es d’avoir jeter leurs déchets. Et par par­ti­cu­lière, on entend sexisme et mau­vais goût. 

« Mmm, un peu plus à gauche la pro­chaine fois », « Oh oui, encore », « Haaa… c’était fol­le­ment bon ! » Non, ce n’est pas le dia­logue d’un dou­teux film éro­tique dif­fu­sé la nuit sur le câble, bien qu’en effet on pour­rait s’y méprendre. Il s'agit en fait de la récente ini­tia­tive éco­lo d’une ville sué­doise. Malmö, la troi­sième ville du pays, nous apprend CNN, s’est équi­pée de pou­belles de tri sélec­tif d’un genre un peu par­ti­cu­lier et par par­ti­cu­lier, on entend mau­vais goût. 

Les déli­cieuses phrases citées plus haut sont pro­non­cées par une voix robo­tique fémi­nine à chaque fois qu’un·e passant·e dépose un déchet dans l’une des deux pou­belles du pont Davidshall. Évidemment, la voix de l’automate se veut jeune, sen­suelle et ter­ri­ble­ment agui­cheuse – car ça n’aurait pas le même effet avec la voix de Jean-​Pierre, 68 ans, qui fume deux paquets de gau­loises par jour. Et rien ne sert d’y jeter des tonnes de déchets pour espé­rer tom­ber sur la voix sen­suelle d’un homme, ces pou­belles sué­doises sont exclu­si­ve­ment féminines. 

Accusée (évi­dem­ment) de sexisme sur les réseaux sociaux, la mai­rie a bien ten­té de sor­tir les rames pour se défendre. « Les phrases font par­tie de l’intention de la cam­pagne d’amener les gens à par­ler de la chose la plus sale qui soit : les ordures », a ain­si décla­ré la chef de sec­tion du dépar­te­ment de la ville, Marie Persson, au quo­ti­dien sué­dois Sydsvenskan. Et les ordures, à Malmö, c’est un vrai sujet. Comme le rap­pelle CNN, la ville est depuis long­temps recon­nue comme un pion­nier du res­pect de l'environnement. Déjà des pou­belles par­lantes encou­ra­geaient les riverain·es à gar­der leurs dis­tances pen­dant la pan­dé­mie de Covid-19.

Qu’est-il arri­vé au pays du bon­heur et de l’égalité ? 

D’habitude lorsqu’on parle de la Suède, c’est pour van­ter ce pays modèle où les gens vivent en har­mo­nie, le sou­rire jusqu’aux oreilles. D'après le Rapport mon­dial des Nations unies sur le bon­heur, la Suède serait le 7ème pays le plus heu­reux du monde en 2022. En mars 2021, le Global Gender Gap Report (rap­port mon­dial sur l’écart entre les femmes et les hommes), a clas­sé la Suède cin­quième du clas­se­ment des pays res­pec­tant l’égalité femmes-​hommes. Dans celui des pires ini­tia­tives sexistes, la ville de Malmö coif­fe­rait aus­si le haut du clas­se­ment, à n’en pas douter. 

Mais alors qu’est-il arri­vé au pays du bon­heur et de l’égalité ? Pourquoi diable ne pas s’en être tenu à des « bra­vo » et des « c’est bien » déjà suf­fi­sam­ment infan­ti­li­sants ? « Cette voix sexy est une nou­velle manière mar­rante de faire pas­ser notre mes­sage, et d’encourager les gens qui ont le bon geste en les fai­sant rire », tente de jus­ti­fier Marie Persson. Si pré­ser­ver l’environnement est l’affaire de tous·tes, il semble qu’il n’en soit pas de même avec l’humour. Même le Poubellator – ce pseu­do monstre vert et rose qui dévore vos déchets dans les trains OUIGO – nous esquis­se­rait davan­tage un sou­rire que la poubelle-​érotico-​écolo de Malmö. 

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