Il y a les principes et ce qu’on en fait. Certes, en 2017, c’est-à-dire il y a des années-lumière en politique, le candidat Emmanuel Macron promettait dans l’entre-deux-tours de la présidentielle une « moralisation de la vie publique », passant notamment par la transparence sur la rémunération des élu·es. Mais les promesses n’engagent que celles et ceux qui y croient et, quatre ans plus tard, lorsque la chercheuse en droit Lucie Sponchiado demande à obtenir les fiches de paie du président, c’est une fin de non-recevoir que l’Élysée lui oppose.
Après être passée par le circuit officiel – en émettant en octobre 2020 une requête auprès de la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) qui lui répond favorablement en janvier –, la chercheuse, qui travaille à l’Observatoire de l’éthique publique, se prend un mur. Le 4 février, le directeur du cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, lui transmet un courrier pour lui dire qu’il n’enverra pas les bulletins de son chef : « Une fois [l’]occultation protectrice de la vie privée réalisée, il en ressort que seuls subsistent les éléments déjà publics de cette rémunération », justifie-t-il. Lesquels sont d’une limpidité à toute épreuve : depuis 2012, le traitement brut du président est « au plus égal au double de la moyenne du traitement le plus bas et du traitement le plus élevé » des fonctionnaires classés « hors échelle ». Tout de suite beaucoup plus clair, non ? Lucie Sponchiado, elle, aurait aimé juger sur pièce.