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« Dream Like Anne », le blush de la honte

« Cette cou­leur accroche-​regard unique répand grâce et beau­té sur la peau », chan­tait le des­crip­tif d’un fard à joues Dream like Anne (Rêve comme Anne). Mais c’est cer­tai­ne­ment rouge, non pas de blush, mais de honte, que la marque de cos­mé­tique hong­kon­gaise Woke Up Like This (WULT) a dû reti­rer son pro­duit cos­mé­tique des ventes le 23 sep­tembre der­nier. Derrière ce blush liquide ven­du à 32,68 euros – et ce scan­dale – ne se cache ni Anne, la duchesse de Bretagne, ni la prin­cesse Anne, fille d’Elizabeth II, et encore moins l’actrice amé­ri­caine Anne Hathaway.

Il s’agit d’Anne Frank. Oui oui, on parle bien de l’adolescente alle­mande de confes­sion juive morte dans le camp de concen­tra­tion de Bergen-​Belsen et célèbre pour son poi­gnant jour­nal intime écrit durant les années où elle s’est cachée avec sa famille à Amsterdam, aux Pays-Bas.

Vous ne voyez pas le lien entre un fard à joues et l’histoire tra­gique d’Anne Frank ? Eh bien, nous non plus. Pourtant, pour la marque de maquillage, le che­mi­ne­ment est lim­pide. Dans un article du 16 sep­tembre – aujourd’hui sup­pri­mé – du média hong­kon­gais Time Out, WULT pré­ci­sait « rendre hom­mage à Anne Frank, afin d’inspirer [leurs] clientes à vivre leurs rêves et bri­ser les bar­rières entre les sexes. » [sic] Le tout, tenez-​vous bien, dans le cadre du « jour de la sen­si­bi­li­sa­tion à la san­té sexuelle », un évé­ne­ment orga­ni­sé tous les 4 sep­tembre par l’Organisation mon­diale de la san­té. Si vous voyez le rap­port entre la jeune Anne Frank et la san­té sexuelle, on est preneuses.

Pas convain­cues non plus par le concept fémi­niste de la marque d’associer une vic­time d’un géno­cide ayant fait 6 mil­lions de morts à une teinte de blush, dans le pré­ten­du but de se battre pour l’égalité femmes-​hommes. Ce dont on est sûres, en revanche, c’est que sur l’échelle du cynisme, la marque a explo­sé le comp­teur. Le mar­ke­ting n’ayant visi­ble­ment plus aucun frein sur l’autoroute de la morale, on est impatient·es de décou­vrir le bri­quet Jeanne d’Arc.

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