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Le panneau de la police municipale d'Auxerre. ©Capture d'écran RMC

Des sucre­ries en échange de la mise en fuite de sans-​abri : l’oeuf de Colomb de la police d’Auxerre

Qui a dit qu’on ne savait pas s’amuser dans la police muni­ci­pale ? Pendant que les petits enfants chas­saient fré­né­ti­que­ment les œufs, poules et autres lapins en cho­co­lat à Auxerre (Yonne) le week-​end der­nier, il semble que les cloches de Pâques soient éga­le­ment pas­sées pour les policier·ières de la ville. Point de chasse aux cho­co­lats pour les agent·es municipaux·ales mais une pré­su­mée chasse… aux sans-​abri. Et comme c’est de cou­tume, la chasse ne se ter­mine que lorsque le der­nier désoeu(f)vré sera délo­gé de sa cachette. 

Baptisée élé­gam­ment « Challenge Marginaux », cette mis­sion aurait été rédi­gée au feutre vert sur le tableau du bureau de la police muni­ci­pale d’Auxerre dans le cou­rant du mois d'avril. Les règles sont simples : il ne doit plus y avoir ni SDF ni zonard·e devant le Monoprix de la place Charles Surugue au 30 avril pro­chain, der­nier carat. 

Plus sur­pre­nant encore, s’iels arrivent à les délo­ger à temps, les agent·es de police seront récompensé·es… avec de la nour­ri­ture. « Un sachet de meringues mai­son », « un repas cohé­sion offert » (!), « un bon cadeau au point gour­mand [un bar café à Auxerre, NDLR] » et cerise sur le gâteau, « un cof­fret gour­mand per­son­na­li­sé ». Offrir de la bouffe pour chas­ser des mal-nourri·es. Une idée en or, sur laquelle la cha­ri­té chré­tienne – de mise à Pâques – n’aurait sans doute trou­vé rien à redire.

Toujours est-​il qu'on ne sait pas com­ment il était pré­vu de finan­cer les cadeaux car, manque de bol pour les participant·es, le conseiller muni­ci­pal d’opposition Rémi Prou-​Méline (divers gauche), cho­qué par la méthode, a don­né l’alerte le 15 avril der­nier auprès du pro­cu­reur de la République d’Auxerre, après avoir reçu des pho­tos du Challenge Marginaux, et ce avant la date fati­dique du 30 avril. 

Véritable chal­lenge sor­dide ou pois­son d’avril tar­dif à l’odeur plus que dou­teuse ? Quoi qu’il en soit, le par­quet d’Auxerre a été sai­si et une enquête pré­li­mi­naire est ouverte depuis le 15 avril. De son côté, la police n’a pas réagi, tan­dis que la mai­rie d’Auxerre a annon­cé mar­di 19 avril avoir rapi­de­ment lan­cé une enquête interne au sein de sa police municipale. 

La muni­ci­pa­li­té conteste d'ailleurs dans un com­mu­ni­qué être à l’origine de « cette ini­tia­tive indi­vi­duelle » jugée « inap­pro­prié et contraire aux valeurs que [la muni­ci­pa­li­té défend] et a été prise sans répondre à une demande de la hié­rar­chie. » tout en pré­ci­sant que « le centre-​ville d’Auxerre fait face à un pro­blème récur­rent et ancien de men­di­ci­té agres­sive ». On sug­gère à la police muni­ci­pale d'Auxerre, pour l’an pro­chain, de res­ter sur la tra­di chasse aux cho­co­lats, ache­tés au Monop'. Et pour­quoi pas, de les par­ta­ger avec les SDF de la ville ?

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