« Bonnnnsoirrrrr l’Europe ! C’est un rêve qui se réalise ce soir ! » À défaut d’Eurovision – annulé en raison de pandémie –, le public a pu se rabattre sur l’AI Song Contest. Un concours musical inédit qui a vu s’affronter, le 12 mai, treize équipes d’Europe et d’Australie, départagées par les votes du public et d’un jury professionnel. Rien que de très classique, si ce n’est qu’ici les jurés sont des scientifiques et que les chansons en lice ont toutes été créées… à l’aide de l’intelligence artificielle. Objectif affiché : « Tenter de créer le prochain hit de l’Eurovision », explique VPRO, le groupe audiovisuel public néerlandais qui a eu l’idée de cet événement de substitution.
Pour ça, les Français·es d’Algomus, une équipe de recherche en informatique, ont analysé des centaines de chansons du célèbre concours à l’aide d’un logiciel afin d’identifier les mots les plus fréquemment utilisés – soit life, love ou sun –, qu’ils ont ensuite repris dans leur morceau I Keep Counting. L’autre équipe tricolore, le collectif artistique DataDada, a, elle, misé sur l’assistant vocal Robert de Barretin pour interpréter son morceau Je secoue le monde. Mais ce sont les Australien·nes d’Uncanny Valley qui ont remporté la mise avec Beautiful the World, créé grâce un algorithme mêlant bribes de chansons et bruits d’animaux. Titre qui a donc eu le privilège d’être diffusé à la radio nationale néerlandaise. « Conchita [Wurst] et Duncan [Laurence], bougez de là ! Le prochain grand artiste de l’Eurovision sera un ordinateur », prévient déjà avec humour l’orga d’AI Song Contest. Une prédiction qui sonne étrangement, à l’heure où les artistes de chair et d’os sont privé·es de concert sur scène… et où le rappeur Travis Scott réunit 28 millions de fans lors de ses représentations virtuelles dans le jeu vidéo Fortnite. La nouvelle scène du monde d’après ?