Dix minutes. Il aura fallu dix minutes pour écouler la totalité des quelque 150 billets mis en vente par la compagnie aérienne australienne Qantas. S’il s’agit du vol « vendu le plus rapidement de toute l’histoire de Qantas », selon son porte-parole, c’est également, et de loin, la destination la plus absurde de toute l’histoire de la compagnie. Car le 10 octobre prochain, les voyageurs embarqueront à Sydney dans un Boeing 787 pour un voyage à destination de… Sydney.
Covid-19 oblige, comme beaucoup de pays, l’Australie a dû fermer ses frontières internationales et laisser ainsi des millions de vacanciers et vacancières désœuvré·es. Mais c’était sans compter Qantas, grâce à qui les passagers et passagères du vol Sydney-Sydney pourront profiter des airs à 1200 mètres d’altitude. Dans ce voyage, il y a autre chose qui s’envole : les prix. Pour tourner en rond dans les airs pendant sept heures, il fallait débourser 485 euros en classe éco, 1100 euros en classe économique supérieure et 2 335 euros en classe affaires. En clair, casser son PEL pour se remémorer les douces joies d’être coincé·e entre le hublot et un voisin insupportable mâchant bruyamment.
Lire aussi : Taïwan : cet avion qui fait des ronds dans l’air
Pour justifier de tels prix, Qantas a titillé la sensibilité patriotique de ses client·es, en faisant pleurer dans les chaumières australiennes sur ses 1,2 milliard de pertes liées à la crise de la Covid-19 : prendre son billet pour nulle part, c’est aider à redresser la barre ! Et puis Quantas promet d’en mettre plein les yeux à ses passagers et passagères. Ainsi, l’avion volera un peu plus bas que d’habitude pour leur permettre de profiter des paysages emblématiques du pays, comme la Grande Barrière de corail, l’une des sept merveilles naturelles du monde. Situé dans l’océan Pacifique, ce système corallien est la plus grande structure vivante de la planète. C’est aussi l’une des plus menacées. Selon WWF, « le réchauffement climatique a provoqué des épisodes de blanchissement de coraux à grande échelle ».
Proposer d’utiliser le moyen de transport le plus polluant au monde vers nulle part pour admirer à travers du Plexiglas et à 1200 mètres d’altitude des coraux menacés par le réchauffement climatique, il fallait y penser.