Une bombe américaine larguant un puissant aphrodisiaque sur les troupes adverses afin de provoquer chez eux un « comportement homosexuel » et ainsi les battre plus facilement ? Non, il ne s’agit pas du synopsis du dernier nanar à l’affiche, mais d’un projet de l’armée de l’air américaine des plus sérieux et dormant depuis quelques décennies dans les placards du Pentagone.
En 2004, l’organisation Sunshine Project, qui lutte pour la transparence des programmes d’armes chimiques et biologiques, obtient un document officiel retraçant les expérimentations les plus audacieuses pour gagner une guerre. Parmi elles, il y a par exemple cette ingénieuse idée de provoquer une attaque d’insectes sur les ennemis. Mais une autre, conçue en 1994 par le Wright Laboratory de l’armée de l’air américaine, a fait, lors de sa révélation en 2004, l’effet d’une bombe. Des petits génies ont imaginé un gaz aphrodisiaque qui provoquerait chez le soldat ennemi une irrésistible attirance sexuelle pour ses compères armés. Une aubaine pour l’armée américaine, car, selon le laboratoire, les troupes amourachées penseraient alors davantage à batifoler entre elles qu’à se battre. Pour les têtes pensantes du pays de l’oncle Sam, les soldat·es homosexuel·les seraient donc militairement moins fort·es que les hétéros ? Pas si étonnant quand on sait que l’armée américaine a adopté la politique du « dont’s ask, don’t tell » (« ne demandez pas, n’en parlez pas ») jusqu’en 2010. Cette loi américaine obligeait les gays et les lesbiennes à taire leur orientation sexuelle sous peine d’être renvoyé·es, car cela était « un risque inacceptable contre les hauts standards moraux, l’ordre, la discipline et la cohésion qui forment l’essence des capacités militaires ».
Le Pentagone dément toute utilisation du projet… du moins jusqu’à présent. Dommage, l’armée américaine était à deux doigts de donner sens à l’expression « faites l’amour pas la guerre ».