
Fonder l’un des géants du Web, Amazon, n’a visiblement pas suffi à Jeff Bezos. Le milliardaire vient en effet d’ouvrir, le 19 octobre dernier, sa première école sous le nom éponyme (et modeste) de « Bezos Academy ». L’école maternelle située à Des Moines, capitale de l’Iowa aux États-Unis, accueillera sans frais de scolarité des enfants de trois à cinq ans, en priorité issus de familles modestes.
Le Robin des bois de l’éducation dont le patrimoine personnel est estimé à 189 milliards de dollars ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là. « Cette classe n’est que le commencement », a‑t-il affirmé, fier comme un paon sur son compte Instagram. Jeff Bezos ambitionne en effet de faire classe à l’ensemble du pays de l’Oncle Sam avec un réseau d’écoles maternelles gratuites et financées par son propre fonds caritatif, baptisé très sobrement « Bezos Day One Fund », fonds Bezos du Premier jour.
Côté pédagogie, la « Bezos Academy » s’inspire sur le papier de la méthode Montessori, basée sur l’apprentissage par l’expérimentation et l’autonomie des enfants. En réalité, Amazon n’est jamais bien loin des salles de classe. « La Bezos Academy utilisera le même ensemble de principes qui ont guidé Amazon, peut-on lire sur le site du fonds caritatif. À commencer par la satisfaction du client. Sauf que cette fois, l’enfant sera le client. » Faut-il comprendre que, comme les vendeur·euses de la plateforme les professeur·es seront noté·es par les culottes courtes et leurs parents ? Combien d'étoiles vaudront à l'enseignant·e l'organisation d'une kermesse de fin d'année ?
Derrière cette initiative a priori charitable, l’homme le plus riche du monde chercherait surtout selon les observateur·trices à redorer son image, régulièrement écornée depuis que le sénateur Bernie Sanders a pointé en 2018 les conditions de travail et les piètres salaires des employés d’Amazon. Une partie de ces derniers a besoin de subventions gouvernementales pour survivre, telles que des aides au logement et des coupons alimentaires. Serait-ce là l'interprétation très personnelle de la philosophie Montessori de Jeff, genre, « soyez autonomes et démerdez-vous tout seuls pour vous nourrir sans salaire suffisant » ?
Si Amazon n’est pas le premier de la classe en matière de respect des conditions de travail, grâce à Jeff Bezos, c’est en tout cas la première entreprise à faire rentrer l’école dans le club très select des GAFA.