L’art contemporain est décidément plein de surprises… et d’absurdités. Nous vous en parlons dans notre numéro d'été en kiosques, l’artiste italien Salvatore Garau a réalisé une belle affaire en vendant sa sculpture invisible, baptisée Io sono [Je suis], le 18 mai dernier pour la bagatelle de 14 820 euros. Si l’œuvre n’existe pas, l’heureuse propriétaire a, elle, reçu un certificat d’authenticité bien réel ainsi que des instructions rigoureuses pour installer chez elle son œuvre de 1,5 mètre de diamètre – on espère juste qu'elle ne se prendra pas les pieds dedans en passant étourdiment au travers des bouts de scotch signalant la réalisation transparente.
L’histoire aurait pu s’arrêter là mais voilà que quelques semaines après la rentable vente, le plasticien sarde est accusé de plagiat. L’artiste américain Tom Miller revendique en effet la paternité de l’œuvre inexistante. Le sculpteur originaire de Floride affirme au média américain WCJB avoir imaginé le concept en 2016 avec son œuvre Nothing. « Quand j’ai vu ça, je me suis dit “c’est exactement mon idée” » a plaidé Tom Miller, qui envisage d'engager des poursuites judiciaires à l’encontre de Salvatore Garau si celui-ci ne le crédite pas. Et nous, on a vraiment hâte qu'un tribunal tente de répondre à l'épineuse question : peut-on s'arroger la paternité originelle d'envisager le vide comme une création artistique ? Le débat est un chef d'œuvre abyssal en soi.