« Changer un système politique ne signifie pas que l’ordre sexuel suivra. Mais si celui-ci ne change pas, la liberté ne perdurera pas », avertit le sociologue marocain Abdessamad Dialmy, auteur de Sociologie de la sexualité arabo-musulmane. Cinq ans après le Printemps arabe, le vent de liberté qui avait soufflé s’est-il arrêté aux portes de l’intime ? Portées par la révolution poli- tique, les femmes ont-elles gagné en indépendance sexuelle ? Sont-elles devenues maîtresses de leur corps, de leur désir ? Sont-elles enfin libres de les exprimer et de les vivre ? De Tunisie, d’Égypte, de Syrie, de Libye et du Maroc, elles nous ont raconté l’histoire d’une autre révolution, celle de la libération sexuelle, au quotidien. Pour Causette, elles sont revenues sur leurs espoirs déçus, parfois aussi anéantis par la guerre, la montée de l’islamisme radical et la présence du groupe État islamique. Pourtant, « les derniers arpents de la liberté pour lutter contre l’anarchie, ce sont nos plaisirs personnels, notre plaisir corporel », assure le philosophe algérien Malek Chebel. La journaliste égyptienne Shereen El Feki, auteure de La Révolution du plaisir, l’affirme : « Le grand défi est de retrouver le cadre que nous avions il y a un millénaire, où nous pouvions parler de sexe sans autant de tabous. Je crois que c’est ce vers quoi on se dirige sur le long terme. Ce n’est peut-être pas aussi rapide que le voudraient certaines féministes, mais cela viendra graduellement. Dans aucun pays ou région au monde, on ne voit des changements drastiques en seulement cinq ans. »
Les femmes rencontrées sont unanimes. Si la libération sexuelle espérée n’a pas eu lieu dans la rue, elle poursuit son chemin, à la guerre comme à la guerre, parfois dans la clandes- tinité, souvent sur les réseaux sociaux. « Tout en gardant à l’esprit, tempère Shereen El Feki, que l’émancipation à laquelle les femmes arabes aspirent n’est pas forcément la même que celle des Occidentales. » N’empêche ! Toujours dans les cœurs, la révolution est en marche.
Mona Eltahawy
“Qu’est-ce que le sexe a à voir avec les Printemps arabes ? Tout”, écrit Mona eltahawy, journaliste et écrivaine américano-égyptienne de 48 ans. en 2011, alors qu’elle couvre, pour différents journaux, les événements place tahrir, elle est agressée par la police égyptienne, violée, tabassée, puis arrêtée. Pour elle, sans libération sexuelle, point de salut pour la révolution.
... La suite dans Causette #63
Tunisie
La libération sexuelle ? La jeunesse tunisienne en avait rêvé, la révolution la leur avait promise, mais la société, elle, leur refuse ce droit à l’intimité.
... La suite dans Causette #63
Par Jihane Bergaoui
Egypte
Le harcèlement sexuel en Égypte avait fait la une des médias lors de la révolution de 2011 tant il était épidémique, révélateur de l’oppression de la femme. Après la chute de Hosni Moubarak, des associations ont continué la lutte... pour quels résultats ?
... La suite dans Causette #63
Libye
En février 2012, Kinda revendiquait l’égalité des sexes. un an après, menacée par des groupes islamistes, elle fuit tripoli. elle témoigne de la vie des femmes dans son pays.
... La suite dans Causette #63
Maroc
Si les Marocains n’ont pas renversé Mohammed VI et que le pays n’a pas vraiment eu son Printemps arabe, il a connu sa révolution douce. on peut parler de sexe, tout est question de vocabulaire.
... La suite dans Causette #63
Par Anna Ravix
Syrie
En syrie, les espoirs de révolution sexuelle se sont envolés avec la guerre.
... La suite dans Causette #63
Par Sarah Mansoura
Internet
En 2011, les réseaux sociaux et le Web ont participé au renversement des dictateurs. si la révolution sexuelle peine à trouver écho dans la rue, la toile semble être le lieu où tout pourrait commencer.
... La suite dans Causette #63
Publié le 21 Décembre 2015
Auteur : Audrey Lebel et Virginie Roels
5378 vues | 0 commentaire
Dernier courrier des lecteurs :
«Ma chère Causette, comme tu l'as peut être remarqué mais la fête de mère approche à grands pas. Mais il y a quelque chose qui m’interpelle: les cadeaux! Quand tu vas dans n'importe quel...»
Publié par Julie P
Le 16 Mai 2016