En guise de cadeau pour fêter les 100 ans de Miss France, Causette publie une enquête sur les coulisses de cette institution ringarde et ultrasexiste. En bonus, Anissa Benaissa, chercheuse indépendante spécialiste du genre et des concours de beauté*, allume la grande sœur de la compète : Miss Univers. Une sympathique machine d’instrumentalisation du corps féminin à des fins d’influence politique et économique.

Causette : Le concours de Miss Univers est censé présenter les « plus belles femmes » de chaque pays. En théorie (en théorie, on a dit !), on pourrait donc s’attendre à sortir des standards occidentaux et voir des profils de beautés plus diversifiés. Pourquoi n’est-ce pas (du tout) le cas ?
Anissa Benaissa : Les concours de beauté fixent des normes : une taille minimale, un âge idéal féminin, mais aussi des codes implicites. En général, des codes ethnocentrés. Si on voit certaines personnes racisées dans les concours de beauté – Miss France ou Miss Univers – ce sont souvent des personnes qui correspondent à un idéal blanc, même quand elles ne sont pas blanches. Dans certains pays africains, les normes de beauté valorisent les femmes aux cheveux naturels, c’est-à-dire frisés, avec de bonnes formes. Mais même dans les concours nationaux de ces pays, les miss ressemblent à de grandes tiges. C’est parce que le système du concours est fait pour les normes américaines. On y présente des femmes aux mensurations des poupées Barbie.[…]