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Tribune : plus de 100 per­son­na­li­tés réclament une vraie jour­née de mobi­li­sa­tion pour les droits des filles, 10 ans après sa création

À l'occasion de la Journée inter­na­tio­nale des droits des filles qui se tient tous les 11 octobre depuis dix ans, plus de cent per­son­na­li­tés prennent la parole dans Causette pour récla­mer une vraie jour­née de mobilisation. 

Tribune

Cela fait dix ans que la Journée inter­na­tio­nale des droits des filles existe et se tient tous les 11 octobre. Créée par l’ONU à la demande de l’ONG Plan International, elle n’a pour­tant que peu de réso­nance en France, alors qu’à très juste titre, le 8 mars et le 25 novembre, Journées inter­na­tio­nales res­pec­ti­ve­ment des droits des femmes et contre les vio­lences faites aux femmes, font l’objet de cou­ver­ture média­tique et de débats au sein de la société.

L’invisibilisation de cette jour­née est regret­table et révé­la­trice du peu de consi­dé­ra­tion accor­dée aux droits des mineures, alors même que les der­nières études sur le sexisme chez les jeunes en France sont très alarmantes.

Fin août, le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a tiré la son­nette d’alarme sur l’absence d’éducation à la vie sexuelle et affec­tive à l’école. La loi de 2001 qui pré­voit trois séances par an de sen­si­bi­li­sa­tion des enfants et des adolescent-​e‑s, n’est que très peu ou mal appli­quée. Le ministre de l'Éducation natio­nale Pap Ndiaye vient lui-​même de recon­naître de « grandes varia­tions » selon les éta­blis­se­ments scolaires.

« Une jeune femme sur cinq a déjà subi un viol ou une agres­sion sexuelle. »

D’après les der­nières enquêtes du HCE, par­mi les 18–24 ans, un·e jeune sur quatre déclare avoir déjà eu des rap­ports sexuels non consen­tis. Une jeune femme sur cinq a déjà subi un viol ou une agres­sion sexuelle. Moins de trois jeunes hommes sur cinq estiment que for­cer sa par­te­naire à avoir un rap­port sexuel alors qu’elle refuse est un viol, selon l'association Mémoire trau­ma­tique et vic­ti­mo­lo­gie.

Si #MeToo a pro­pul­sé la ques­tion des droits des femmes sur le devant de la scène, beau­coup des enjeux que ces mil­lions de témoi­gnages ont sou­le­vés se jouent dans l’enfance et l’adolescence : les chiffres sont affo­lants et inac­cep­tables. En France, 82 % des femmes ont com­men­cé à être vic­times de har­cè­le­ment de rue avant l’âge de 17 ans1. 58 % des filles de 15 à 25 ans ont déjà été vic­times de har­cè­le­ment en ligne sur les réseaux sociaux2. Dans le monde, 200 mil­lions de filles et de femmes ont été exci­sées, et 2 mil­lions de muti­la­tions géni­tales pour­raient se pro­duire d’ici 2030, alors qu’elles pour­raient être évi­tées3). 12 mil­lions de filles de moins de 18 ans sont mariées chaque année, soit près d’une fille toutes les 2 secondes4), sou­vent à des hommes bien plus âgés qu’elles.

Volonté poli­tique

Aujourd’hui encore, naître et être une fille n’offre pas les mêmes oppor­tu­ni­tés ni les mêmes pers­pec­tives de vie que celles d’un gar­çon. Les filles conti­nuent d’être vic­times d’inégalités, d’exclusion, de dis­cri­mi­na­tions et de violences !

Une avant-​garde de la jeu­nesse, notam­ment fémi­nine et fémi­niste, est déjà mobi­li­sée pour par­ler du har­cè­le­ment sur les réseaux sociaux ou du droit de s’habiller comme elles le sou­haitent. Mais elles sont peu relayées ou prises au sérieux.

Un nou­veau quin­quen­nat s’ouvre. Le gou­ver­ne­ment annonce vou­loir lan­cer les pre­mières concer­ta­tions pour lut­ter contre les sté­réo­types de genre à l'école dès le plus jeune âge. Nous espé­rons qu’il main­tien­dra ce cap et cette volon­té poli­tique. Il y a urgence !

« Nous appel­le­rons les pou­voirs publics à mettre rapi­de­ment en place un pro­gramme ambi­tieux d’éducation com­plète à la sexua­li­té et contre le sexisme. »

Mardi 11 octobre 2022, nous réaf­fir­me­rons ensemble notre volon­té de lut­ter contre toutes les vio­lences sexistes et sexuelles qui entravent les droits des filles et leur éman­ci­pa­tion. Nous réaf­fir­me­rons l’urgence de chan­ger les men­ta­li­tés et de sen­si­bi­li­ser le plus grand nombre au res­pect du consen­te­ment, des droits des mino­ri­tés de genre et de l’égalité filles-​garçons. Nous réaf­fir­me­rons que les filles doivent pou­voir prendre des déci­sions, res­ter maî­tresses de leurs corps, ne pas dou­ter de leurs com­pé­tences, vivre leurs enga­ge­ments citoyens et poli­tiques. Nous appel­le­rons les pou­voirs publics à mettre rapi­de­ment en place un pro­gramme ambi­tieux d’éducation com­plète à la sexua­li­té et contre le sexisme, en asso­ciant les filles et les gar­çons à son élaboration.

Une étape majeure, pour mieux visi­bi­li­ser toutes ces pro­blé­ma­tiques, serait d’inscrire dura­ble­ment cette date de mobi­li­sa­tion du 11 octobre dans le débat public. Permettons aux pre­mières concer­nées, mais aus­si aux gar­çons, aux parents, aux asso­cia­tions, aux enseignant·e·s, aux médias, à toute la socié­té de s’en sai­sir pour faire pro­gres­ser la connais­sance et la com­pré­hen­sion des enjeux liés aux droits des filles, des mino­ri­tés de genre et de l’égalité filles-​garçons, et d’actionner de mieux en mieux les leviers du changement.

Nous appe­lons à un ras­sem­ble­ment d’ampleur, mar­di 11 octobre à 13h, au par­vis de l’Hôtel de Ville de Paris, à l’occasion de la jour­née inter­na­tio­nale des droits des filles, mar­di 11 octobre : Journée inter­na­tio­nale des droits des filles. 

Parmi les signa­taires : Najat Vallaud Belkacem, Valérie Damidot, Rokhaya Diallo, Énora Malagré ,Yael Naim, Camille Froidevaux-​Metterie, Arnaud Gallais, Ophélie Guillermand, Rose Ameziane, Gilles Lazimi, Mathilde Larrère, Muriel Salmona, Noémie de Lattre, Elise Thiébaut, Axelle Jah Njiké, Laura Jovignot, Sandra Regol, Klaire fait Grr, Mathilde, Olivier Besancenot, Charlotte Bienaimé, Manon Aubry, Pablo Pillaud-​Vivien, Juan Arbelaez, Fatima Benomar, Natacha Chetcuti-​Osorovitz, Christiane Marty, Laure-​Alice Bouvier, Vanessa Demouy, Solène Ducretot, Elvire Duvelle-​Charles, Jules Falquet, Odile Fillod…

Tous·toutes les signa­taires ici.

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  1. ONG Hollaback (Enquête de 2015)[]
  2. Plan International (Enquête menée dans 22 pays en 2020)[]
  3. UNICEF (2022[]
  4. UNICEF (Rapport de 2018[]
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