Pour notre hors-série Femmes et argent, le changement c'est maintenant !, en kiosque aujourd'hui même, nous avons interrogé Najat Vallaud-Belkacem sur la question, cruciale, de la précarité des femmes. L'ancienne ministre des Droits des Femmes et directrice générale de l'ONG ONE1 n'a pas mâché ses mots. Voici son interview en intégralité.
Causette : Les femmes sont davantage touchées par la pauvreté et la précarité. À cela plusieurs causes et parmi elles, des salaires plus faibles au niveau mondial ?
Najat Vallaud-Belkacem : C’est clair. Dans les pays en développement, la plupart des femmes effectuent des travaux non rémunérés tout au long de leur vie. Et quand elles travaillent, elles sont le plus souvent cantonnées dans les secteurs informels et mal rémunérés. Elles sont très nombreuses à travailler la terre et, pourtant, elles ne possèdent que 3% des terrains agricoles. De manière générale, les difficultés et les injustices dont sont victimes les filles et les femmes sont exacerbées dans ces pays, et ce, à tous les niveaux : abandon de l’école avant 10 ans, mariages forcés, violences conjugales, absence de droit à l’héritage, décès lors de l’accouchement, difficultés d’accès aux services financiers… Les obstacles structurels, sociaux, économiques et politiques sont nombreux et hélas généralement cumulatifs.
Mais même dans un pays comme le nôtre, les différences sexuées de revenu et de taux d’activité existent. Sans revenir sur les différences moyennes de salaires entre femmes et hommes, dont on a compris désormais qu’elles s’expliquaient par l’absence de véritable mixité des métiers (les femmes étant plus présentes dans les métiers les moins bien payés) autant que par les différences de déroulement de carrière (interruptions de carrière liées à l’arrivée des enfants…) et les plafonds de verre persistants, je suis toujours frappée par ce[…]
- ONE est un mouvement mondial qui fait campagne pour en finir avec l’extrême pauvreté et les maladies évitables d’ici 2030.[↩]