Dans son dernier livre, Lâchez-nous l’utérus !, la journaliste féministe Fiona Schmidt s’attaque à la « charge maternelle ». Un plaidoyer revigorant et plein d’humour pour en finir avec ces injonctions sur la maternité qui touchent toutes les femmes, avec ou sans enfants.

Libraryman 2017
Causette : Vous dites vous être longtemps tenue éloignée des questions liées à la maternité. Qu’est-ce qui vous a amenée à y consacrer un ouvrage ?
Fiona Schmidt : Ça fait longtemps que je voulais écrire un livre sur mon non-désir de maternité, ou plutôt sur mon désir de continuer à vivre ma vie telle qu’elle est. Ce qui pose littéralement problème à tout le monde – sauf à moi –, d’autant que je coche toutes les cases du bingo procréatif (femme, trentenaire, CSP+, en couple avec un homme). Mais je me suis aperçue qu’il ne suffisait pas d’être mère pour qu’on vous lâche, en fait. Les injonctions liées à la maternité pèsent sur absolument toutes les femmes, qu’elles soient mères ou pas. On nous parle d’une maternité désirée, sereine et bienheureuse comme étant la norme et le seul projet de vie qui vaille pour une femme. Sauf que, en réalité, cette norme concerne dix meufs sur Instagram.
Vous avez créé l’expression « charge maternelle ». Qu’est-ce que c’est, exactement ?
F. S. : La charge maternelle, c’est l’ensemble des injonctions et des préjugés sur la maternité, forcément radieuse et bienveillante, que les femmes intègrent dès l’enfance. C’est une espèce de préquel 1 de la charge mentale. On nous conditionne dès notre premier poupon à vouloir des enfants, puis à trouver un mec pour en faire, sans qu’on nous dise à aucun moment que nous sommes des êtres humains valables et entiers en tant que tels. Et c’est à cause de cette injonction première qu’on se retrouve avec la charge mentale, qui consiste à se sentir investie de la mission d’organiser le foyer.
Comment se manifeste cette charge maternelle ?
F. S. : C’est une sorte d’enclume, de caillou dans la tête, qui peut peser un kilo comme une tonne. Ça va des réflexions de l’entourage – « Alors, quand est-ce que tu nous fais un bébé ? » ; « À quand le deuxième ? » ; « Un[…]