Maternité : arrê­tons la compet !

Dans son der­nier livre, Lâchez-​nous l’utérus !, la jour­na­liste fémi­niste Fiona Schmidt s’attaque à la « charge mater­nelle ». Un plai­doyer revi­go­rant et plein d’humour pour en finir avec ces injonc­tions sur la mater­ni­té qui touchent toutes les femmes, avec ou sans enfants.

Milky Way photo Vincent Ferrane 031A9968 A 1
© V. Ferrané. Images extraites du livre Milky Way,
Libraryman 2017

Causette : Vous dites vous être long­temps tenue éloi­gnée des ques­tions liées à la mater­ni­té. Qu’est-ce qui vous a ame­née à y consa­crer un ouvrage ?
Fiona Schmidt : Ça fait long­temps que je vou­lais écrire un livre sur mon non-​désir de mater­ni­té, ou plu­tôt sur mon désir de conti­nuer à vivre ma vie telle qu’elle est. Ce qui pose lit­té­ra­le­ment pro­blème à tout le monde – sauf à moi –, d’autant que je coche toutes les cases du bin­go pro­créa­tif (femme, tren­te­naire, CSP+, en couple avec un homme). Mais je me suis aper­çue qu’il ne suf­fi­sait pas d’être mère pour qu’on vous lâche, en fait. Les injonc­tions liées à la mater­ni­té pèsent sur abso­lu­ment toutes les femmes, qu’elles soient mères ou pas. On nous parle d’une mater­ni­té dési­rée, sereine et bien­heu­reuse comme étant la norme et le seul pro­jet de vie qui vaille pour une femme. Sauf que, en réa­li­té, cette norme concerne dix meufs sur Instagram. 

Vous avez créé l’expression « charge mater­nelle ». Qu’est-ce que c’est, exac­te­ment ?
F. S. : La charge mater­nelle, c’est l’ensemble des injonc­tions et des pré­ju­gés sur la mater­ni­té, for­cé­ment radieuse et bien­veillante, que les femmes intègrent dès l’enfance. C’est une espèce de pré­quel 1 de la charge men­tale. On nous condi­tionne dès notre pre­mier pou­pon à vou­loir des enfants, puis à trou­ver un mec pour en faire, sans qu’on nous dise à aucun moment que nous sommes des êtres humains valables et entiers en tant que tels. Et c’est à cause de cette injonc­tion pre­mière qu’on se retrouve avec la charge men­tale, qui consiste à se sen­tir inves­tie de la mis­sion d’organiser le foyer. 

Comment se mani­feste cette charge mater­nelle ?
F. S. : C’est une sorte d’enclume, de caillou dans la tête, qui peut peser un kilo comme une tonne. Ça va des réflexions de l’entourage – « Alors, quand est-​ce que tu nous fais un bébé ? » ; « À quand le deuxième ? » ; « Un troisième,[…]

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