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Marine Turchi © Emmanuelle Marchado

Marine Turchi : « La jus­tice ne prend pas en compte les attentes des plaignantes »

La jour­na­liste de Mediapart publie Faute de Preuves, un livre consa­cré au tra­vail de la jus­tice après #MeToo. Parcours des vic­times, failles des ins­ti­tu­tions, rôle des médias… Entretien.

En matière de révé­la­tions d’affaires de vio­lences sexuelles, le tra­vail de Marine Turchi fait réfé­rence. Pour son article de novembre 2019 rela­tant les agres­sions dont Adèle Haenel aurait été vic­time alors qu’elle était mineure, bien sûr. Mais pas seule­ment. Au sein de la cel­lule enquêtes de Mediapart, elle mène depuis quatre ans un tra­vail de fond sur un sujet qu’elle consi­dère comme un « gigan­tesque pro­blème de san­té publique ». 

Deux ans après l’affaire Haenel, elle publie aux édi­tions du Seuil, le 10 novembre 2021, Faute de Preuves*, un ouvrage dense et pré­cis, qui décor­tique le tra­vail de la police et de la jus­tice. Chaque cha­pitre s’attache à un dos­sier récent pour ten­ter de com­prendre ce que les ins­ti­tu­tions font ou ne font pas. Nourri par des entre­tiens avec des dizaines d’avocat⋅es, de policier⋅es, de magistrat⋅es, le livre n’a rien d’un pam­phlet mani­chéen. C’est un tra­vail jour­na­lis­tique objec­tif et construc­tif, qui aide à pen­ser la réa­li­té et la com­plexi­té du che­mi­ne­ment judi­ciaire et du tra­vail jour­na­lis­tique en matière de vio­lences sexuelles. Un livre à mettre entre toutes les mains. 

Causette : Dans le livre, vous retra­cez neuf affaires récentes ou en cours d’examen par la jus­tice. Quel est le déno­mi­na­teur com­mun entre toutes les per­sonnes qui témoignent ?
Marine Turchi : Évidemment, il y a des points com­muns entre toutes ces per­sonnes : dans le par­cours du com­bat­tant que repré­sente le fait de por­ter une accu­sa­tion, dans l’appréhension, dans le sen­ti­ment d’injustice aus­si. Je vou­lais sur­tout que chaque his­toire incarne un des pans du trai­te­ment judi­ciaire, et sur­tout un des griefs sou­vent for­mu­lés à la police et à la jus­tice. Un témoi­gnage illustre, par exemple, le sté­réo­type de la « mau­vaise vic­time », un autre montre en quoi la jus­tice peut être répa­ra­trice quand elle condamne. Dans une autre affaire, celle d'Adèle Haenel, on s’interroge sur le rôle des médias. Pour une autre, c’est l’histoire d’une dés­illu­sion face à une déci­sion judi­ciaire. Il y a aus­si la ques­tion de la décon­nexion sociale de la jus­tice. Un autre dos­sier parle du rap­port de la jus­tice aux puis­sants comme dans l’affaire Darmanin. Je vou­lais que chaque his­toire raconte quelque chose et je vou­lais mon­trer des choses précises[…]

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