« T’es nulle » ; « Tu n’y arriveras pas »… Parfois, la petite voix négative qui mine la confiance et rétrécit les horizons professionnels s’emballe. Qu’elles soient universitaires, élues, cadres ou psy, cinq femmes partagent avec Causette leurs techniques pour tromper l’ennemi, même quand il est à l’intérieur.
Julie, psychologue dans un service de psychiatrie
“J’ai entamé une psychothérapie”
« Les ruminations permanentes, la peur de perdre mon poste par manque de compétences, la conviction obsédante que tous mes collègues étaient meilleurs que moi étaient devenues trop invalidantes. Il fallait que je fasse quelque chose. J’ai entamé une psychothérapie pour faire cesser les pensées paralysantes. J’ai beau être psy, je suis moi aussi suivie depuis l’an dernier.
Dès mon premier poste dans un service de psychiatrie, je me suis sentie en difficulté. Malgré des années d’études et une réelle passion pour mon métier, je me jugeais incapable de prendre en charge un patient. J’avais l’impression d’avoir la tête vide. J’ai répondu à un questionnaire sur les différents profils de gens qui souffrent de ce syndrome et je fais partie des “experts”. En gros, je minimise mes connaissances. Ma psy m’a conseillé de verbaliser davantage mon avis. Avant, dès qu’un médecin disait quelque chose, je n’osais jamais ouvrir la bouche, même si je n’étais pas d’accord. Maintenant, j’ose un peu plus.
J’essaie aussi de prendre du recul par rapport à la mise en compétition qui peut exister dans le cadre professionnel. J’ai rédigé une fiche d’identité qui définit qui j’ai envie d’être, quelle psychologue je souhaite devenir. C’est une façon de ne pas voir mes particularités comme des faiblesses. Je vais beaucoup mieux, mais je me sens incapable de changer de travail. Pourtant, je suis en CDD et je dois envisager la suite… Quand je lis une fiche de poste, ça me tétanise. Je me dis tout de suite : “Ça, je ne sais pas faire” ; “Ça, je ne peux[…]