Des menaces de mort, de viols et de tortures par centaines. Depuis des mois, des dizaines de femmes reçoivent quotidiennement des messages anonymes glaçants de sadisme et de misogynie sur Curious Cat, un réseau social qui permet de poser des questions à d’autres internautes. Face à l’immobilisme de la plateforme et à la difficulté de faire recevoir leurs plaintes, plusieurs d’entre elles ont fini par médiatiser l’affaire, fin mai. Dans la foulée, la justice a ouvert plusieurs enquêtes. Causette fait le point avec Éric Morain, l’avocat spécialisé dans le cyberharcèlement, qui représente les plaignantes.
Causette : Combien de femmes sont visées par ces menaces sur Curious Cat ?
Éric Morain : Je représente actuellement une trentaine de plaignantes, et une cinquantaine de femmes sont menacées en France et dans les pays limitrophes francophones.
Y a‑t-il un point commun entre elles ?
É. M. : C’est difficile à dire, parce qu’on a toujours la sensation de vouloir analyser un peu tout au prisme de ces messages. Mais ce qui apparaît, c’est que ces femmes sont plutôt féministes. Ce sont aussi des femmes qui résistent et qui ne s’en laissent pas conter.
Et l’auteur ?
É. M. : La particularité de ses messages, c’est qu’ils sont écrits dans un français impeccable, sans une faute d’orthographe, de grammaire ou de conjugaison – ce qui n’est habituellement pas le cas. On a un vocabulaire très violent, mais pas obligatoirement vulgaire. Après, pour le reste, on n’observe pas de différence fondamentale avec les autres cyberharceleurs.
La similitude des messages est également frappante. Peut-on aujourd’hui[…]