Causette se mobi­lise avec La Maison des femmes

À l’occasion de la Journée inter­na­tio­nale pour l’élimination de la vio­lence à l’égard des femmes, Causette s’est asso­ciée à La Maison des femmes de Saint-​Denis pour orga­ni­ser une soi­rée de sen­si­bi­li­sa­tion et publier une tri­bune met­tant en avant les valeurs de l’éducation comme vec­teur de la lutte contre ces vio­lences. Ghada Hatem, fon­da­trice de La Maison des femmes, détaille cette conviction.

Ghada portrait c LMF
Le Docteur Ghada Hatem a fon­dé en 2016,
la Maison des Femmes a Saint Denis © Marlene Awaad

Difficile de résis­ter à l’énergie com­mu­ni­ca­tive de Ghada Hatem. Depuis plus de trente ans, cette gynécologue-​obstétricienne se bat ardem­ment contre les vio­lences faites aux femmes. En 2016, elle fonde La Maison des femmes de Saint-​Denis1, et lutte sur le ter­rain – consul­ta­tions ou bloc opé­ra­toire –, dans les minis­tères avares de sub­sides et dans les écoles, pour sen­si­bi­li­ser les enfants. Franco-​libanaise, elle a quit­té, en 1977, son pays en flamme, et confiait au Monde (le 25 février 2021) : « Avoir connu la guerre m’a ren­due into­lé­rante à toute forme de violence. » 

Causette : C’est en obser­vant au quo­ti­dien les ravages phy­siques et psy­cho­lo­giques des vio­lences subies par les femmes que vous avez déter­mi­né les moyens de lut­ter contre elles ?
Ghada Hatem : Je pense que le pre­mier de ces moyens, c’est l’éducation. C’est grâce à elle qu’on pour­ra uti­le­ment agir, car elle doit pro­po­ser un modèle de socié­té où les femmes ont toute leur place et leur rôle. Or le sché­ma patriar­cal, res­pon­sable de ces vio­lences sys­té­miques, est mal­heu­reu­se­ment encore bien présent.

Pour vous, l’école ne joue pas son rôle, n’offre pas de vision alter­na­tive ?
G. H. :
Il faut recon­naître qu’en France, nous avons un pro­blème d’intégration des autres cultures. Face à ça, l’école n’a pas trou­vé la bonne atti­tude. C’est déli­cat de prendre fron­ta­le­ment le contre-​pied de ce que les enfants apprennent à la mai­son. Mais l’éducation doit tenir son rôle de vec­teur d’émancipation. Elle doit apprendre à réflé­chir, à cri­ti­quer… à l’encontre de cer­taines édu­ca­tions « tra­di­tion­nelles » ou religieuses.

Vous inter­ve­nez sou­vent pour des séances d’éducation à la vie affec­tive et sexuelle, au sein d’établissements sco­laires. Elles sont le lieu où évo­quer ces pro­blé­ma­tiques ?
G. H. :
Nous y abor­dons des ques­tions rela­tives à la sexua­li­té, qui débouchent sur des ques­tions de res­pect, de consen­te­ment, de citoyen­ne­té, de laï­ci­té. On parle aus­si de sujets crus : la mas­tur­ba­tion, la vir­gi­ni­té, le por­no… On essaye de faire sau­ter des tabous. Il faut en par­ler à l’école, car sou­vent, c’est le seul lieu qui apporte à ces enfants une autre parole.

Si vous aviez l’oreille du ministre de l’Éducation Pap Ndiaye, quelle mesure lui demanderiez-​vous d’adopter, en prio­ri­té ?
G. H. : Rien d’extravagant : appli­quer ce qui est pré­vu. Que les séances d’éducation à la vie affec­tive et sexuelle s’appliquent trois fois par an, dans toutes les classes. Rien que ça, et ce serait une belle avan­cée. Malheureusement, c’est loin d’être le cas. Un rap­port de l’inspection géné­rale de l’Éducation natio­nale a éta­bli, en 2021, que « moins de 15 % des élèves béné­fi­cient de trois séances d’EAS (édu­ca­tion à la sexua­li­té) pen­dant l’année sco­laire, en école ou au lycée ». Ce rap­port est sor­ti grâce à Mediapart. Les résul­tats, déce­vants, n’ont pas été com­mu­ni­qués offi­ciel­le­ment. Ce qui nous prouve encore que l’éducation, en ce qui concerne l’enseignement des droits des femmes, des hommes et de leur liber­té sexuelle, a encore beau­coup de pro­grès à faire ! 


Soirée « Good Girls », édu­quer contre les vio­lences faites aux femmes
Lundi 21 novembre 2022, palais de Chaillot, Paris.
Places à gagner sur la page Facebook de Causette à par­tir du 16 novembre.

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  1. La Maison des femmes de Saint-​Denis est un lieu de prise en charge unique des femmes en dif­fi­cul­té ou vic­times de vio­lences. Elle pro­pose une prise en charge plu­ri­dis­ci­pli­naire de proxi­mi­té, avec un gui­chet unique.[]
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