En vogue chez les féministes, l’expression « Bois mes règles » a été déposée comme marque commerciale par des militantes. Et a déclenché une guerre quant à sa « maternité ». Alors, peut-on l’utiliser sans être accusé·e de vol ?

Le 8 mai dernier, pendant que la France célébrait l’armistice dans la torpeur d’un jour férié, une bataille d’un autre genre se profilait. Ce matin-là, Les Inrocks consacraient un article à l’expression « Bois mes règles », sorte de « Va te faire foutre » version féministe, où se mêlent provocation et volonté de briser le tabou des menstrues. Sur Internet, en manif, dans la rue… cette invective « se diffuse partout », constate le journaliste, qui voit dans cette punchline un « cri de ralliement ». Mais, quatre heures plus tard, coup de tonnerre : sur Twitter, le Collectif abolition porno-prostitution (Capp) interpelle l’hebdomadaire et Cyclique, une plateforme dédiée aux règles interrogée dans l’article, pour leur signaler que l’expression est désormais… sa propriété ! « #BoisMesRègles et le logo des deux #cups [menstruelles, ndlr] sont déposés par notre collectif #abolitionniste et sont des symboles #radfem [féminisme radical] à l’opposé des convictions #libfem [féminisme libéral]. Leur utilisation sans notre autorisation mène à une mise en demeure », annonce le collectif sans sommation. Et non, ça n’est pas une blague.
Le 5 avril, Johanna Vrillaud, étudiante et figure de proue du Capp, a bien déposé l’expression auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) en tant que marque semi-figurative : c’est-à-dire qu’elle revendique la propriété du slogan, mais aussi d’un dessin, en l’occurrence deux mains qui trinquent avec des cups menstruelles. Prévoyante, la jeune femme a également pris soin de déposer la[…]