Invisibilisées socialement, les quinquas et plus seraient aussi priées de remballer leur libido. Mais, pour beaucoup, entre réconciliation avec son corps, libération de l’esprit et réinvention de sa sexualité, les matelas n’ont pas fini de grincer.
Elle a les yeux qui pétillent tellement qu’ils pourraient remplacer une boule à facettes sur un dance-floor. Elle a l’air de la gamine qui vient de gagner le gros lot à la kermesse. Après plusieurs années de veuvage, Marion, une des héroïnes du documentaire Les Dames *, au cinéma en novembre, vient de retrouver l’amour et une vie sexuelle dans les bras d’Alain. « C’est explosif », décrit-elle, comme étonnée de découvrir qu’une telle flamme n’attendait que d’être ravivée en elle. Voilà : à plus de 70 ans, Marion plaît, Marion aime et… Marion fait l’amour. De quoi désappointer ce brave Yann Moix, qui, l’an passé, déclarait tranquillement dans une interview à Marie-Claire : « Je suis incapable d’aimer une femme de 50 ans. » Avant d’enfoncer le clou quelques lignes plus loin : « Le corps d’une femme de 50 ans n’est pas extraordinaire du tout. »
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Sans Moix !
Yann Moix ? Mieux vaut ne pas en parler à Catherine Grangeard, autrice d’Il n’y a pas d’âge pour jouir. Quand elle parle de lui, elle dit « Monsieur Moi », en prenant soin de ne pas prononcer le « x », ce qui, dans la bouche d’une psychanalyste, n’est évidemment pas anodin. « Sur mon divan, j’ai des femmes qui ont souffert de ces propos. Elles se sont senties blessées, humiliées », rapporte-t-elle. Dans l’interview de Moix, une autre phrase, moins relevée, est néanmoins tout aussi instructive : « Elles sont invisibles », dit-il, lapidaire, de ces femmes de 50 ans et plus. De fait, « des siècles de patriarcat construisent un environnement dont on ne peut se défaire en un demi-siècle de féminisme », résume Catherine Grangeard. À savoir : après 50 ans, une femme est bonne à être mise au rancart… plus qu’à courir les rancards. Une croyance qui tient aussi « à l’adéquation entre l’acte sexuel et la procréation », estime[…]