Deux mois après la naissance de leur enfant, les pères ayant pris un congé paternité et ceux ayant l’intention de l’utiliser étaient moins nombreux à faire une dépression post-partum face à ceux ne l’ayant pas utilisé, selon une étude de l'Inserm parue début janvier dans la revue scientifique The Lancet.
Les bienfaits du congé paternité. Une étude française de l'Inserm, publiée début janvier dans la revue scientifique The Lancet, démontre qu'il réduit le risque de faire une dépression post-partum chez les pères. Plus de 10% d'entre eux sont susceptibles de développer une dépression, un phénomène « courant » selon les chercheur·ses, au cours de l'année suivant la naissance de leur enfant.
Une équipe de l'Inserm a observé, deux mois après la naissance d'un enfant, l'impact de la prise d’un congé paternité de deux semaines, rémunéré et sans risque de perte d’emploi, chez plus de 13.000 mères et 11.000 pères français dont les enfants sont né·es en 2011. Chaque couple a ainsi indiqué si le père avait pris ou avait l’intention de prendre un congé paternité. Et deux mois après, chacun·e a renseigné un questionnaire permettant d’évaluer si elles ou ils souffraient de dépression.
Deux mois après la naissance de leur enfant, plus de 64 % des pères avaient déjà pris un congé paternité, 17 % ont déclaré avoir l’intention d’en prendre un et près de 19 % n’en avaient pas pris et ne projetaient pas d’en prendre. En tout, 4,5 % des pères ayant pris un congé paternité et 4,8 % de ceux ayant l’intention de l’utiliser présentaient une dépression post-partum contre 5,7 % de ceux ne l’ayant pas utilisé.
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Pas d'effet bénéfique sur les mères
Autre donnée plus inattendue, 16,1 % des mères dont le partenaire a utilisé le congé paternité présentaient une dépression post-partum contre 15,1 % de celles dont le partenaire avait l’intention d’utiliser le congé paternité, et 15,3 % de celles dont le partenaire n’avait pas pris de congé paternité.
« Si la prise ou le projet de congé paternité de 2 semaines sont associés chez les pères à une diminution du risque de dépression post-partum, chez les mères, la prise du congé paternité par le conjoint ne semble pas avoir d’effet bénéfique significatif », observent les chercheu·ses de l'Inserm. Cela pourrait suggérer « qu’une durée de 2 semaines de congé paternité n’est pas suffisante pour prévenir la dépression post-partum des mères », analyse Katharine Barry, doctorante Inserm à la Sorbonne et première autrice de ces travaux. Ou révéler la répartition inégale du temps alloué à la garde des enfants. Un biais de sélection peut également être intervenu, avec la préexistence de troubles dépressifs en dehors d’une grossesse chez les mères.
En 2011, la durée du congé paternité en France n'était que de 14 jours. Elle a été portée à 28 jours le 1er juillet 2021. Une avancée dont les chercheu·ses de l'Inserm veulent désormais observer les conséquences sur la santé mentale des parents et sur le développement des enfants, dans de futures recherches.
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