Emma, stagiaire de 3ème chez Causette, a écrit cet article pour témoigner de la difficulté qu’elle a à prévenir ses amies du danger pour la santé que peut représenter le fait de porter le même tampon plus de quatre heures.
Je me souviens de ce jour de décembre, malgré le froid dans le préau, on parlait et rigolait aussi vivement que d’habitude. Elle a lancé « les filles ! » et son regard nous a toutes fait comprendre que c’était aujourd’hui. J’ai été la première à réagir et à me précipiter en classe pour accéder à ma petite pochette « ma trousse à moi » et en sortir une serviette ou deux. Elle s’arrête un instant et me dit : « Non mais Emma je ne mets que des tampons en fait. »
Après avoir évité la catastrophe, on discute et j’essaie de lui expliquer que porter des tampons tous les jours sans les changer peut être nocif pour sa santé. Elle s’énerve et me dit très sèchement : « Emma, laisse-moi faire, c’est mon corps, pas le tien. Et puis au fond, ce n’est pas si grave ! » Elle part et je reste seule dans la cour… J’avais beau réfléchir, je n’arrivais pas à comprendre sa réaction. Mon intention était de l’aider, de lui donner des conseils mais pas d’être intrusive ou de la vexer.
Un peu plus tard, je discute avec ma mère de sa réaction et elle m’explique que mon amie ne doit pas en parler avec ses parents et ne doit donc pas être informée des risques. Comment pouvait-elle ignorer à ce point les dangers que pouvait provoquer ce petit bout de coton ? Pourquoi s’était-elle vexée lorsque j’avais tenté de lui parler, alors qu’on discute d’habitude très librement des règles ? Peut-être que mes conseils soulignaient le fait qu’elle n’était pas au courant de choses importantes concernant son corps ? Ou alors mes paroles remettaient en question ce qu’elle faisait depuis qu’elle a ses règles et qui était pour elle « pas si grave » ?
Je dois avouer avoir été assez choquée par le fait qu’autour de moi, un grand nombre de jeunes filles ne soient pas au courant des dangers de ne pas assez souvent changer de tampon. Le tabou autour des règles qui est encore très présent dans notre société est peut-être responsable de cette ignorance. Cela voudrait dire qu’elles n’osent pas forcément en parler, malgré le fait que l’échange est primordial pour rester informée. Je pense que les règles est un sujet trop important qui nous concerne toutes pour qu’on puisse le balayer de nos conversations à cause d’un problème de « pudeur ».
Mais au fait, quel est le risque de porter des tampons sans les changer régulièrement ? Le « syndrome du choc toxique menstruel » touche 20 femmes tous les ans en France. Il est possible de l’attraper en portant un tampon plus de 4 heures sans le changer. Cette maladie est causée par la multiplication d’une bactérie dans le vagin qui va libérer des toxines dans le sang. Sans prise en charge immédiate, les femmes risquent la mort. Par exemple, en janvier 2020, une jeune fille belge est décédée à la suite d’un choc toxique à cause du port d’un tampon hygiénique. Cette maladie est malheureusement encore très mal connue par tous, malgré sa gravité et le retard de sa prise en charge, à cause des erreurs de diagnostics très fréquentes.