Alors qu’il concerne 40 % des femmes, le prolapsus est passé sous silence. Ce qui vaut des sueurs froides à celles qui découvrent qu’elles en sont atteintes. Avec un peu d’éducation et une bonne claque au tabou qui entoure cette pathologie, on éviterait pourtant le pire.

Pour Daphnée, 34 ans, c’était « le soir au moment de la douche », après « une séance shopping » où elle avait porté « un cabas trop lourd ». Pour Pascale, 47 ans, « en voulant mettre un tampon », qui n’a pas « voulu rentrer ». Pour Josée*, la cinquantaine, en s’« examinant » pour comprendre la « gêne » qu’elle ressentait dans la culotte. Et pour Camille, 31 ans, lorsqu’elle réalise qu’elle a mal au périnée en position assise et qu’elle a « la sensation d’avoir le rectum plein » à chaque fois qu’elle marche. Pour toutes, la même expérience s’est ensuivie. Découvrir une sorte de « boule de chair » qui remplit leur vagin, paniquer et trouver le diagnostic : un prolapsus, plus couramment appelé descente d’organes. Il peut s’agir de la vessie, du rectum, de l’utérus ou de plusieurs de ces organes qui s’affaissent et créent une sensation de poids dans le vagin.
Le corps médical est formel : « ça n’est pas grave » ; « on peut vivre avec ». Mais les symptômes sont impressionnants. Quand on ajoute le manque d’informations, cela crée des scènes traumatisantes. « J’ai demandé si tout pouvait tomber, témoigne Daphnée. Mon angoisse était de me retrouver avec ma vessie dans la main. Ma gynéco s’est mise à rire. » Lorsqu’ils ne sont pas avancés, certains prolapsus ne se sentent ni ne se voient forcément. Mais cela peut aller jusqu’au prolapsus « externalisé », c’est-à-dire tellement poussé que les parois vaginales s’étirent et forment une sorte de poche (la « boule ») qui, dans ce cas, dépasse de la vulve. Entre les deux stades, une myriade de différents cas : certaines femmes dont la descente d’organes est peu avancée, mais qui le vivent extrêmement mal, ont des douleurs et réclament un traitement chirurgical ; et d’autres pour lesquelles elle est plus hard, mais qui s’en accommodent. Dans tous les cas, « c’est impossible que les organes “tombent”, rassure Maxime Marcelli, gynécologue à Marseille et[…]