Le must du mois
Mrs. Fletcher
Brunette gentiment sexy, Eve se fait bien du souci. D’abord, cette mère poule vit très mal le départ à l’université de son fils unique, Brendan. Ensuite, cette discrète directrice d’une maison de retraite découvre que son résident préféré est en train de perdre la boule. Enfin, cette « célibattante » par défaut a gardé son nom d’épouse – Mrs. Fletcher – bien qu’elle soit divorcée depuis dix ans. À croire que l’absence et la fuite sont les seuls repères de sa pauvre vie.
Sauf que Mrs. Fletcher est une comédie, bien plus subtile que le sous-titre originel – Les tribulations d’une Milf – ne le laissait espérer ! Écrite par Tom Perrota, cocréateur de The Leftovers, réalisée exclusivement par des femmes (une cinéaste différente par épisode dont Nicole Holofcener, qui a participé à la création de Sex & The City), cette nouvelle série américaine opte pour une plaisante étude de caractère… mue par une dynamique coquine/cocasse/complexe. Et pour cause : elle met en scène deux récits d’apprentissage. À deux âges différents de la vie.
De fait, bien que centrés sur le personnage d’Eve (interprétée par la décoiffante Kathryn Hahn, repérée dans Bad Moms au cinéma et dans les séries Transparent et I Love Dick), les sept épisodes de Mrs. Fletcher ont la bonne idée de suivre un double éveil. Celui d’une femme mûrissante (Eve, qui devient assez vite accro aux sites porno…) et celui d’un jeune homme immature (Brendan, qui va très vite perdre son statut de roitelet à la fac). Grave et joyeuse, exempte de fausse pudibonderie, Mrs. Fletcher donne donc à réfléchir aussi bien sur l’évolution des relations hommes-femmes que sur les notions fondamentales de plaisir ou de « réalisation de soi ». Not bad !
Mrs. Fletcher, série de 7 épisodes de 35 min. À partir du 28 octobre 2019 sur OCS.
En replay
Zérostérone, saison 1
OK, l’argument de départ n’est pas forcément original : Zérostérone nous projette dans un monde sans hommes (à la suite d’une guerre chimique), donc exclusivement composé de femmes. Sauf que les jeunes créatrices de cette nouvelle dystopie (dont les fameuses Youtubeuses Eléonore Costes et Marion Seclin) fourmillent d’idées, adoptant un ton volontiers décapant pour nous tenir en haleine. De fait, leur société matriarcale va bientôt être mise en danger par une fugitive (à la recherche du dernier homme sur terre)… Piochant à la fois dans le pastiche (du film d’action) et l’hommage (on pense parfois à Bref, humour générationnel et format court obligent), elles réussissent à être drôles (cf. l’homme robot en mode « connard ») et politiquement incorrectes. Donc singulières.
Zérostérone, saison 1, par Nadja Anane, Eléonore Costes, Sandy Lobry et Marion Seclin. Série en 7 épisodes de 15 min. En replay sur France.tv Slash.
À surveiller
The Crown, saison 3
Vous avez aimé la reconstitution luxueuse, la narration ambitieuse et les enjeux historico-romantiques des deux premières saisons ? Vous allez dévorer la saison 3 de The Crown, série britannique écrite par Peter Morgan (scénariste de l’excellent The Queen, de Stephen Frears) ! D’autant que ces dix nouveaux épisodes se penchent sur le règne d’Elizabeth II pendant les années 1970 (à l’épreuve d’une crise politique, économique et sociale qui débouchera sur Margaret Thatcher et… le mouvement punk). Et puis, comment ne pas être fasciné·es par la géniale Olivia Colman ? Oscarisée pour son rôle dans La Favorite, la comédienne reprend ici le rôle de la reine dans sa belle maturité. D’emblée, on fait acte d’allégeance.
The Crown, saison 3, par Peter Morgan. Série en 10 épisodes de 55 min. À partir du 17 novembre sur Netflix.