La nouvelle création de Russell T Davies s’impose comme l’un des récits les plus déchirants jamais composés – et interprétés – sur le tout début des années sida.
Écrire pour ceux et celles qui ont survécu, écrire pour ceux et celles qui ne sont plus, écrire aussi, surtout, pour ne pas oublier. L’objectif de Russell T Davies, talentueux quinqua, était sacrément ambitieux lorsqu’il a mis en route It’s a Sin. Une ambition payante : la nouvelle création de ce show-runner anglais, auteur de la série culte Queer as Folk, s’impose comme l’un des récits les plus déchirants jamais composés – et interprétés – sur le tout début des années sida.
Précisément, It’s a Sin (qui reprend le titre d’un tube des Pet Shop Boys sorti en 1987…) suit le destin en forme de comète de Ritchie, Colin et Roscoe, trois jeunes homosexuels d’origine modeste qui débarquent à Londres en 1981, la tête pleine de rêves, au moment même où un virus (le sida, pas encore identifié) commence à se propager dans la communauté gay. La fête et le déni d’un côté, les rumeurs et la stigmatisation de l’autre, puis la peur, la maladie et la mort, très vite : voilà ce que racontent les cinq épisodes de cette minisérie tourbillonnante.
À l’image de cette jeunesse des années 1980, fauchée dans son élan tandis que les autorités de santé publique regardent ostensiblement ailleurs (les violences homophobes connaissent même, alors, une forte progression en Angleterre).
Oui, contre toute attente, il y a de l’humour, de la chaleur, de la vie (et une BO géniale) dans cette chronique bouleversante, qui ne se concentre pas seulement sur ses trois héros, très attachants, mais également sur leurs ami·es, leurs amants et leurs familles (désemparées). Histoire de raviver la belle humanité de cette génération décimée. Perdue. Histoire, aussi, de faire un doigt d’honneur aux ligues de vertu, toujours promptes à trouver des boucs émissaires. Hier comme aujourd’hui.
It’s a Sin, de Russell T Davies. Minisérie en 5 épisodes de 52 min. À partir du 22 mars sur Canal +.