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Océan, SML et l'enfant d'une amie (©FTV)

Avec sa série docu­men­taire "Faire famille", Océan explore avec humour et ten­dresse les mul­tiples modèles fami­liaux qui existent aujourd'hui

De la France à la Belgique, le réa­li­sa­teur Océan et la pod­cas­teuse Sophie-​Marie Larrouy détri­cotent la notion de famille, à tra­vers les témoi­gnages tou­chants et cap­ti­vants de leurs proches, de femmes céli­ba­taires, de couples queer et de jeunes issus d'une pro­créa­tion médi­ca­le­ment assis­tée (PMA). Réjouissant !

« Une famille, c'est un papa, une maman. » En plein débat sur l'ouverture du mariage aux per­sonnes de même sexe, en 2013, la Manif pour tous impo­sait avec ce slo­gan une vision datée et hété­ro­cen­trée de la famille. Car non, l'unité fami­liale n'a jamais été aus­si réduc­trice que ce qu'on vou­lait bien nous faire croire. C'est ce qui res­sort de l'excellente série docu­men­taire réa­li­sée par Océan, Faire famille, dis­po­nible depuis ce mer­cre­di sur la pla­te­forme France TV Slash.

Après deux sai­sons consa­crées à la tran­si­den­ti­té, la pre­mière sur son par­cours de tran­si­tion et la deuxième sur sa ren­contre avec des per­sonnes trans et inter­sexes à tra­vers la France, le comé­dien et réa­li­sa­teur s'interroge dans une sai­son 3 de sa série Océan sur la notion de famille, aux côtés de sa com­parse Sophie-​Marie Larrouy, dite SML. Tout part de cette der­nière : à 38 ans, céli­ba­taire et sans enfant, la comé­dienne et pod­cas­teuse se demande si elle en veut, esti­mant que c'est main­te­nant ou jamais si elle sou­haite se lan­cer. Océan lui pro­met alors de l'accompagner dans cette aven­ture et d'incarner une figure pater­nelle pour cet·te enfant. 

Les deux ami·es se sont vrai­ment interrogé·es sur leur désir de paren­ta­li­té dans la « vraie vie ». La série docu­men­taire ne les suit cepen­dant pas en temps réel en train de se poser ces ques­tions, mais les met en scène plu­sieurs mois après et « retrace le réel », explique le réa­li­sa­teur de 46 ans à Causette : « J’aime tra­vailler sur cet endroit, sur ce qui est vrai, pas vrai. Quand on regarde tous les grands docu­men­taires, il y a tou­jours de la mise en scène, du mon­tage, de l’écriture, mais je pousse un peu plus fort les cur­seurs dans cette sai­son. » De la France à la Belgique, Océan et SML explorent et détri­cotent en cinq épi­sodes la notion de famille, à tra­vers les témoi­gnages tou­chants et cap­ti­vants de leurs proches, de femmes céli­ba­taires, de couples queer et de jeunes issus d'une pro­créa­tion médi­ca­le­ment assis­tée (PMA).

Ode à l'amitié

Deux témoi­gnages marquent par­ti­cu­liè­re­ment. Celui de Lisa, une femme qui a eu un coup de foudre ami­cal pour un couple gay et qui s'est lan­cée dans un pro­jet de co-​parentalité avec eux en 2015. Et celui de Ferdinand, né en 2001 d'une PMA à l'étranger, qui se sou­vient notam­ment de la dif­fi­cile époque de la Manif pour tous, alors qu'il avait 11 ans. Ce der­nier explique aus­si tout sim­ple­ment ce que cela repré­sente d'avoir gran­di auprès de deux mamans, bat­tant en brèche des cli­chés encore tenaces : « Pour moi, les figures pater­nelles ou mater­nelles, je me rends compte que ça n'existe pas. Ce sont juste deux per­sonnes qui ont leur per­son­na­li­té. En l'occurrence, j'ai deux mères qui ont un peu de carac­tère, mais il n'est pas néces­saire d'avoir un parent qui est une figure pater­nelle. On s'en fout, il n'y a pas besoin de ça pour faire un enfant. »

Au fur et à mesure de la série docu­men­taire, riche, tendre et pre­nante, on se rend évi­dem­ment compte de la mul­ti­pli­ci­té des modèles fami­liaux aujourd'hui. Mais le mes­sage le plus impor­tant n'est pas là. Il est sur­tout de mon­trer que l'archétype que la socié­té valo­rise encore – le couple cis-​hétéro mono­game – n'est pas néces­saire pour faire famille. Comme le reven­diquent depuis tou­jours les membres de la com­mu­nau­té LGBTQIA+ avec la notion de « famille choi­sie », cette enti­té peut inclure des ami·es avec qui nous ne par­ta­geons pas les mêmes gênes. 

À lire aus­si I Océan : « C'est très impor­tant pour moi de mon­trer que la tran­si­den­ti­té peut se cumu­ler avec une ou plu­sieurs autres oppressions »

Pour Océan, ses ami·es sont aus­si important·tes que ses amou­reuses ou que les per­sonnes de sa famille de sang, dont certain·es ne lui parlent plus depuis qu'il a fait sa tran­si­tion. « L’amitié n'est pas en des­sous de l’amour, elle prend juste une forme dif­fé­rente, souligne-​t-​il. Quand on est amou­reux, on a ten­dance à pri­vi­lé­gier le couple amou­reux, mais j’essaie de tou­jours gar­der une place à mes amis et de les prio­ri­ser dans cer­tains cas. Avec cette troi­sième série docu­men­taire, je veux mon­trer que tous les sché­mas fami­liaux sont beaux et légi­times. Ils ne sont pas moins bien que ce qui est pré­sen­té comme tra­di­tion­nel. Je sou­haite fina­le­ment offrir une repré­sen­ta­tion posi­tive aux jeunes queer. »

Océan, faire famille hors du sché­ma tra­di­tion­nel en ligne dès mer­cre­di 31 mai sur France TV Slash.

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