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La sélec­tion de juin 2020

112 musique sebastien tellier valentine reinhardt
Sébastien Tellier © Valentine Reinhardt

Domesticated, de Sébastien Tellier

Le sixième album stu­dio de Sébastien Tellier est un hymne à l’amour embal­lé dans des gants Mapa. Désormais marié et père de famille, l’auteur de La Ritournelle puise son ins­pi­ra­tion hédo­niste dans le quo­ti­dien des tâches ména­gères. Imaginez les Beach Boys sous la hou­lette de Mr Propre. Domestiqué, Sébastien Tellier, ce drôle d’animal à poils longs, prend sa part de charge men­tale. Et avec cet homme de mai­son, l’ordinaire devient vite extra. Le disque s’ouvre sur un coup de Ballet syn­thé­tique qui net­toie les conduits audi­tifs à grand ren­fort de sax vapo­reux et de cla­viers scin­tillants. Venezia dépous­sière un groove très années 1980 (kitsch, choc et un peu cli­ché), dont on ne boude pas le plai­sir. Sombre et hyp­no­tique, Domestic Tasks donne son nom à l’album et annonce un monde sou­mis à une inva­sion extra­ter­restre de robots ména­gers. Propulsé à l’Auto-Tune, Tellier déroule son funk cos­mique (Hazy Feelings) comme d’autres passent l’aspirateur, avec la satis­fac­tion du tra­vail bien fait. Domesticated pour­rait bien être la bande-​son de cet étrange été que l’on s’apprête à vivre can­ton­nés dans nos foyers. 

Domesticated, de Sébastien Tellier. Record Makers. Sortie le 29 mai.

Grand Prix, de Benjamin Biolay

Trois ans après le dip­tyque argen­tin Palermo Hollywood-​Volver (2016−2017), Benjamin Biolay est de retour sur le cir­cuit de la varié­té fran­çaise. Il signe un neu­vième album stu­dio, Grand Prix, au charme racé. Un disque qui fait la part belle à la gui­tare, vrom­bis­sante et fuse­lée comme un bolide à l’ancienne. En pilote expé­ri­men­té, BB uti­lise toute sa pano­plie, entre vague à l’âme post-​rupture noyé sur le dan­ce­floor (Comment est ta peine ?), tou­chante ritour­nelle en moteur Renaud (Ma route), pop orches­trée bai­gnée de reverb façon The Last Shadow Puppets (Idéogrammes). Mené pied au plan­cher, Grand Prix en a sous le capot. Et, pour­tant, Benjamin Biolay entre­voit avec une cer­taine séré­ni­té le der­nier tour de la vie (La roue tourne, Interlagos Saudade). C’est quand il pose ce regard mélan­co­lique dans le rétro­vi­seur que le chan­teur est à son meilleur. Le fata­lisme lui va bien. 

Grand Prix, de Benjamin Biolay. Polydor/​Universal. Sortie le 26 juin.

Sorceress, de Jess Williamson

Installée à Los Angeles, la jeune Texane Jess Williamson pare ses airs coun­try folk d’atours pop envoû­tants. Sur son qua­trième album, le bien nom­mé Sorceress, elle traîne ses san­tiags dans une pous­sière psychédé­lique qui s’incruste jusqu’au cœur de l’âme. Avec sa voix de créa­ture céleste, la chan­teuse marche dans les pas de ses com­pa­triotes Natalie Mering (Weyes Blood, signée sur le même label) ou Lana Del Rey. Jess Williamson fait rimer fémi­ni­té avec liber­té, qu’elle raconte l’histoire d’une mariée en cavale (Infinite Scroll), nous entraîne dans un wes­tern cos­mique (How Ya Lonesome) ou nous plonge au « chœur » d’un gos­pel new age (Harm None). On se laisse vite ama­douer par ce cha­pe­let de chansons-​prières aux paroles un brin mys­tiques et aux arran­ge­ments méti­cu­leux de majesté. 

Sorceress, de Jess Williamson. Mexican Summer/​Modulor.

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