Delia Derbyshire, précurseuse de la musique électronique, a travaillé avec Yoko Ono ou Paul McCartney et, surtout, a composé le générique de la mythique série Doctor Who – sans jamais en être créditée de son vivant.

« Ma passion pour les sons abstraits est venue des sirènes de raids aériens pendant le Blitz. » Cette introduction à la musique un peu brutale définit parfaitement Delia Derbyshire et son approche du quatrième art. Cette inspiration singulière fera d’elle la créatrice anonyme du générique iconique de la série télévisée britannique Doctor Who en 1963. Mais bien avant d’atteindre l’univers de la science-fiction, Delia, née en 1937 à Coventry, étudiera à Cambridge les mathématiques et la musique. Diplôme en main, elle abandonne les maths pour les partitions.
Kara Blake, réalisatrice du documentaire The Delian Mode en 2009, détaille ses premiers pas dans le monde du travail : « Elle a dû faire face aux barrières du genre, les femmes n’étaient pas prises au sérieux dans le monde de la musique. Le label Decca Records refuse sa candidature, car il n’emploie pas de femme pour leurs studios d’enregistrement. » À 24 ans, c’est finalement au Radiophonic Workshop (le département sonore expérimental) de la BBC qu’elle commence sa carrière, en 1962. Créé par une autre précurseuse, Daphne Oram, ce cabinet de curiosités compose des effets spéciaux sonores pour la radio et la télévision britanniques. Avant l’invention des synthétiseurs, c’est aussi le royaume de la débrouille.
Professeur en musicologie à l’université du Nevada et auteur du livre La Création et l’Héritage du BBC Radiophonic Workshop 1, Louis Niebur en donne un exemple : « Derbyshire enregistrait un son – une cloche, le[…]