• Rechercher
  • Mot de passe oublié ?
  • Mot de passe oublié ?

Les 20 plumes fémi­nines : Bernardine Evaristo

Cette année encore, on risque de se faire assom­mer par la vague des sor­ties de livres à l’occasion de la sacro-​sainte ren­trée lit­té­raire. Et pour affron­ter l’autre deuxième vague – au cas où on nous recon­fi­ne­rait –, mieux vaut s’armer de bonnes lec­tures. Causette n’a choi­si que des autrices. Discrimination posi­tive assu­mée. Des plumes belles et rebelles qui ne devraient pas vous lais­ser indemnes. Voici celle de Bernardine Evaristo.

114 Bernardine Evaristo © Jenny Scott
© Jenny Scott – DR

Peut-​être le livre le plus décon­cer­tant de la ren­trée. L’action tient en une soi­rée, mais fait réson­ner des siècles d’histoire en met­tant en scène douze per­son­nages, presque tous noirs ou métis, femmes ou non-​binaires, âgés de 19 à 93 ans. Bernardine Evaristo, deve­nue en 2019 la pre­mière femme noire à rece­voir le Man Booker Prize, nous fait entendre ces voix si rare­ment audibles, qui sont autant de com­bats, de dési­rs, de craintes et de rêves. 

Il y a Amma, comé­dienne poly­game las­sée des rôles d’esclave et deve­nue une dra­ma­turge de renom­mée inter­na­tio­nale. Dominique, son âme sœur afro-​indo-​guyanaise, amou­reuse de Nziga, une Afro-​Américaine ultra enga­gée et ins­pi­rante. On ren­contre aus­si Yazz, la fille d’Amma qui, à seule­ment 17 ans, se défi­nit comme « en par­tie goth des années 1990, en par­tie post-​hip-​hop, en par­tie pute, en par­tie extra­ter­restre » et traite sa mère de « fémi­na­zie », lui expli­quant que ses com­bats seront bien­tôt dépas­sés dans un monde appe­lé à deve­nir non gen­ré. Avec ses copines, ses « sis­tah », elles s’interrogent sur leur iden­ti­té, leur sen­sua­li­té, leurs ori­gines, rêvent par­fois d’avoir la peau blanche ou par­fois plus fon­cée. Oscillant entre des dis­cus­sions super­fi­cielles et essen­tielles, elles s’affirment sans Dieu ni maître et n’ont pour objec­tif que de s’engendrer elles-​mêmes en res­tant « ensemble »

Lectrice de Toni Morrison, Bernardine Evaristo nous offre un mor­ceau de jazz lit­té­raire épous­tou­flant, une impro­vi­sa­tion libre sans morale ni par­ti­tion. Une œuvre captivante. 

Fille, femme, autre, de Bernardine Evaristo, tra­duit de l’anglais par Françoise Adelstain. Éd. Globe, 480 pages, 22 euros. Sortie le 2 septembre.
Partager