• Rechercher
  • Mot de passe oublié ?

"Emma", de Jane Austen : un finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif pro­pose une nou­velle tra­duc­tion par Clémentine Beauvais

Capture d’écran 2023 04 26 à 15.53.50

Ce n'est pas le roman le plus connu de Jane Austen mais, d'après certain·es spécialistes, le plus abouti. Emma fait l'objet d'une nouvelle traduction intégrale par Clémentine Beauvais, première pierre d'un projet plus global visant à agiter « l'Austen Power ».

D'après une étude publiée par un universitaire de Cambridge, l'autrice britannique Jane Austen bénéficie ces dernières années d'une telle hype auprès de la jeune génération qu'elle serait aujourd'hui l'écrivaine la plus célèbre après... Shakespeare, relaie France Inter. Le phénomène Austen - et celui de ses héroïnes proto-féministes - se mesure au nombre de contenus qu'elle engendre sur les réseaux sociaux, comme sur TikTok, où le mot clef #JaneAusten réunit près de 650 000 vidéos.

Rien de plus naturel donc, pour la journaliste Phalène de La Valette et l'autrice Clémentine Beauvais, d'apporter leur pierre à l'édifice de l'Austen mania en se proposant d'offrir une traduction intégrale dépoussiérée à Emma, l'un des romans les plus méconnus de l'autrice britannique du XVIIIème siècle. L'histoire ? Emma, issue de la bourgeoisie provinciale de l'Angleterre de la Régence, se dédie à aider des jeunes femmes célibataires de son entourage en leur cherchant le conjoint idéal... Le roman a d'ailleurs fait l'objet d'une adaptation plébiscitée lors de sa sortie sur Netflix l'été dernier.

En lançant une réédition de cette œuvre parue en 1816 - un an avant le décès prématuré de Jane Austen - les deux comparses souhaitent « lui rendre hommage ET justice », expliquent-elles sur la page de financement participatif du projet hébergé chez KissKiss BankBank. Si la perspective de recevoir en contrepartie de son soutien cette nouvelle édition ravit, quel besoin y a-t-il de « rendre justice » à une autrice en vogue en France également ? « C'est un constat partagé par beaucoup, en particulier ceux qui ont la chance de pouvoir la lire en VO : la plupart des traductions françaises de Jane Austen ne sont pas à la hauteur de son talent », éclaircissent les deux jeunes femmes.

Rendre grâce à l'humour austinien

Dans le détail, les différentes traductions françaises de l'œuvre de la Britannique oscillent entre deux écueils. Soit elles insistent « sur une lecture "romantique" et s'attachent à décrire un univers féminin étroit, rempli de préoccupations matérielles », soit elles « se sentent obligées de l'inscrire dans une traduction de réalisme, de moralisme sérieux, afin de la rapprocher des exigences "masculine" du canon littéraire français ». Dans les deux cas, elles font l'impasse sur « l'humour » et la « légèreté » de la signature Austen.

Pour Causette, Clémentine Beauvais - qui s'est faite connaître avec Les Petites reines ou encore Brexit romance - raconte dans la vidéo ci-dessous son travail de traduction au plus près de l'impertinence et de la modernité de Jane Austen.

Le projet de réédition, mené avec la maison d'édition indépendante Baribal, comporte également la publication d'Austen Power, un manifeste littéraire dans lequel plusieurs invité·es de marque (l'autrice Geneviève Brisac, les professeur·es de littérature Mathilde Brézet, Marc Porée, Frédéric Ogée...) exposent « factuellement l’importance, à tous points de vue, de la romancière britannique ». Le programme est alléchant : « Pourquoi certains ont longtemps cru pouvoir la dédaigner (coucou Nabokov), comment Miss Austen a pu devenir une icône de la pop culture, ce que la littérature lui doit, les sens cachés à décrypter, le mythe Mr Darcy... »

Si la campagne de financement participatif, ouverte pendant encore seize jours, est couronnée de succès et permet la publication de la nouvelle Emma et d'Austen Power, Phalène de La Valette et Baribal ne s'arrêteront pas là. Dans le sillage de cette première aventure, elles espèrent pouvoir publier toute une série de libres « à l'esprit austinien » dans une collection nommée JANE. De quoi entretenir la flamme pour les héroïnes qui ne s'en laissent pas compter.

Lire aussi l Pourquoi « Les Quatre filles du Docteur March » est une très mauvaise traduction du titre du livre de Louisa May Alcott

Partager