CP Exposition Bulle du Monde de Nour Fog Céramique Contemoraine
Mes enfants, 2023, sculptures en céramique sur plaques métalliques en suspension © Nour Fog

Bulle du Monde, une intri­gante expo céra­mique sur l'éclosion de la vie à Paris

La Maison du Danemark a don­né carte blanche à l'artiste céra­miste Nour Fog, qui a choi­si d'explorer les mys­tères de la nais­sance, de l'impulsion de la vie in ute­ro à la vul­né­ra­bi­li­té des enfants né·es prématuré·es. Tout en ron­deur et en sensibilité.

« Bien sûr que c'est un point sen­sible mais j'aime me sen­tir vul­né­rable », confie Nour Fog dans la vidéo qui retrace la genèse de l'exposition Bulle du Monde. Pour sa carte blanche au Bicolore, la salle d'exposition de la Maison du Danemark dédiée à l'art contem­po­rain, l'artiste non-​binaire danois a choi­si de créer à par­tir d'un trau­ma­tisme : celui d'avoir vu naître sa der­nière fille à un stade très prématuré.

Si aujourd'hui l'enfant se porte tout à fait bien et que Nour Fog se sent « très recon­nais­sant envers le sys­tème de san­té danois qui a bien accom­pa­gné la petite », selon Catherine Lefebvre, com­mis­saire de l'exposition, l'expérience sur le fil entre la vie et la mort donne désor­mais lieu à une série d'œuvres cathar­tiques. Il y a d'abord dans une pre­mière pièce ces douces Bulles du Monde, céra­miques rondes anthra­cites entou­rées de fils de cuivre les pro­té­geant, tan­tôt sus­pen­dues en l'air, tan­tôt pla­cées sur pié­des­tal. Elles res­semblent à des cel­lules se mul­ti­pliant dans le liquide amnio­tique . « Une repré­sen­ta­tion de ce qui se joue au com­men­ce­ment de la vie », com­mente Catherine Lefebvre.

Viennent ensuite une série d'aussi ronds que ras­su­rants Nombrils laqués dans un gris qui reflète la lumière (et donc la vie) mais aus­si Coeur d'oreille, une sculp­ture mas­sive, au rose orga­nique, qui fusionne ces deux organes pour sym­bo­li­ser l'attention d'un parent aux bat­te­ments de cœur de son enfant. 

Louise Bourgeois comme inspiration

Mais le clou de l'exposition, c'est l'installation Mes enfants, com­po­sée d'une ving­taine de sculp­tures de nou­veaux né·es ges­ti­cu­lant sur des socles de métal posés au sol. Ces bébés prématuré·es, qui pré­sentent plu­sieurs nuances de rose en fonc­tion du temps de cuis­son de l'émail qui les recouvre, « se battent pour la vie », au croi­se­ment « de la fra­gi­li­té et de la force », explique Catherine Lefebvre. Pour la com­mis­saire d'exposition, cette œuvre, fron­tale et poten­tiel­le­ment déran­geante en ce qu'elle expose la vul­né­ra­bi­li­té des corps à peine sor­tis de la matrice, « doit être digé­rée, à la manière de cer­taines œuvres de Louise Bourgeois dont Nour Fog s'est direc­te­ment inspiré·e ».

Le genre d'art « tel­le­ment per­son­nel qu'il en devient uni­ver­sel », accom­pa­gné de la créa­tion sonore de la com­po­si­trice Jirasol Pereira Ayala spé­cia­le­ment conçue pour l'exposition : dans nos oreilles, un mélange de bruits et de musique qui pour­rait être celui enten­du in ute­ro.

Il y a indé­nia­ble­ment chez Nour Fog, artiste qua­dra­gé­naire recon­nu dans son pays, « l'envie d'être impliqué·e dans la nais­sance, mais aus­si celle de rendre le monde plus doux et empa­thique à tra­vers son art », estime Catherine Lefebvre. La démarche est rafrai­chis­sante : voi­là un artiste qui a vécu des années en tant qu'homme avant de se défi­nir comme non-​binaire et qui mène une réflexion sur les mys­tères de l'apparition de la vie, sujet géné­ra­le­ment explo­ré par les artistes femmes. Nour Fog le for­mule ain­si : « J'ai subi un lavage de cer­veau binaire depuis ma nais­sance, j'ai désor­mais besoin de géné­rer de nou­velles images en réponse au male gaze. »

Bulles du Monde au Bicolore, salle d'exposition de la Maison du Danemark à Paris (ave­nue des Champs Élysées), jusqu'au 23 juillet. Entrée libre, du mar­di au dimanche. Visites com­men­tées les 25 mai et 4 juin. Atelier de céra­mique le 18 juin. 

Vous êtes arrivé.e à la fin de la page, c’est que Causette vous passionne !

Aidez nous à accom­pa­gner les com­bats qui vous animent, en fai­sant un don pour que nous conti­nuions une presse libre et indépendante.

Faites un don
Partager

Cet article vous a plu ? Et si vous vous abonniez ?

Chaque jour, nous explorons l’actualité pour vous apporter des expertises et des clés d’analyse. Notre mission est de vous proposer une information de qualité, engagée sur les sujets qui vous tiennent à cœur (féminismes, droits des femmes, justice sociale, écologie...), dans des formats multiples : reportages inédits, enquêtes exclusives, témoignages percutants, débats d’idées… 
Pour profiter de l’intégralité de nos contenus et faire vivre la presse engagée, abonnez-vous dès maintenant !  

 

Une autre manière de nous soutenir…. le don !

Afin de continuer à vous offrir un journalisme indépendant et de qualité, votre soutien financier nous permet de continuer à enquêter, à démêler et à interroger.
C’est aussi une grande aide pour le développement de notre transition digitale.
Chaque contribution, qu'elle soit grande ou petite, est précieuse. Vous pouvez soutenir Causette.fr en donnant à partir de 1 € .

Articles liés