Ce 31 août, nous vous proposons trois pépites qui ne vont pas vous laisser indemnes : Flee, de Jonas Poher Rasmussen, La Page blanche, de Murielle Magellan et Avec amour et acharnement, de Claire Denis.
FUIR POUR MIEUX SE TROUVER
Trouver sa place dans le monde… S’il est une quête qui anime les récits d’apprentissage, c’est bien celle-ci ! D’ailleurs Flee, du Danois Jonas Poher Rasmussen, n’échappe pas à cet élan. D’où vient alors que ce film d’animation se démarque et nous embarque dès ses premières images ? Peut-être parce qu’il parvient à être poignant sans pathos et captivant sans effets appuyés. Digne. Nul hasard s’il a été cité trois fois aux Oscars cette année et couvert de prix en France comme ailleurs…
Son sujet et les thèmes qu’il charrie ne sont pas étrangers, non plus, au choc qu’il produit. Flee (« Fuir », en français) relate l’histoire vraie d’Amin, un Afghan qui a dû fuir son pays à la fin des années 1980, au moment de la guerre civile et alors qu’il n’était qu’un enfant. Un itinéraire douloureux, ponctué de séparations, de violences et de mensonges (pour se protéger comme pour protéger sa famille, notamment lorsqu’il découvre son homosexualité). Un récit puissant, conté à la première personne… sous couvert d’anonymat. Vivant désormais en couple, au Danemark, avec son compagnon Kasper, Amin a préféré se livrer auprès du réalisateur, un ami, sans montrer son visage ni donner sa véritable identité.
Raison pour laquelle les deux compères ont opté pour cette forme stylisée, colorée et animée (qu’ils complètent ça et là par des images d’archives). Ces dessins donnent une dimension universelle à ce récit si personnel et permettent donc à tout un chacun, ou chacune, de se projeter dans cette histoire de survie et d’accomplissement. De fait, Amin a bel et bien trouvé sa place aujourd’hui, et c’est aussi ce que nous dit ce film, d’une humanité formidable.
Flee, de Jonas Poher Rasmussen. Sortie le 31 août.
RÉINVENTER SA VIE
Fantaisiste et coloré, ce petit conte moderne a l’élégance d’agiter des questions existentielles sur un mode léger. Une friandise idéale pour attaquer la rentrée ! On y retrouve le ton enlevé de la BD du même nom de Boulet et Pénélope Bagieu, dont il est la libre adaptation (il emprunte d’ailleurs une forme animée, çà et là)… Et son héroïne farfelue bien sûr, la sympathique Éloïse, trentenaire parisienne qui profite d’une amnésie soudaine et totale pour réinventer sa vie. OK, le film de Murielle Magellan s’essouffle un peu. Mais on se laisse prendre, malgré tout, à sa modestie souriante et surtout au charme doux de ses comédien·nes. Notamment Sarah Suco, Pierre Deladonchamps et Sara Giraudeau, exquise dans le rôle principal.
La Page blanche, de Murielle Magellan. Sortie le 31 août. Ce film est coproduit par Folimage, filiale, comme Causette Média, du groupe Hildegarde.
CORPS ET ÂME
Parfois radicale, toujours intègre, l’œuvre de Claire Denis interroge comme aucune autre la vérité des relations amoureuses. On ne s’étonnera donc pas que son nouveau film place au cœur de son récit un désir féminin qui refuse les clichés. Avec amour et acharnement raconte l’histoire d’une passion ancienne, qui ressurgit d’un coup d’un seul entre un homme et une femme et va remettre en question le couple aimant qu’elle forme depuis dix ans avec son mari. De fait, l’héroïne c’est elle, Sarah, qui s’interroge, se cache, séduit, s’abandonne, souffre mais ne se pose nullement en victime. Coécrit par Christine Angot, voilà un film justement organique, obsessionnel et dévastateur. Si les comédien·nes – Juliette Binoche et Vincent Lindon en particulier – sont magnétiques, le regard de Claire Denis trouble de bout en bout, qui jamais ne juge ni ne dédouane ses personnages…
Avec amour et acharnement, de Claire Denis. Sortie le 31 août.