Le Festival International de Films de Femmes (FIFF) de Créteil a fermé ses portes dimanche après une semaine intense. Malgré le contexte difficile, le public s’est précipité, mobilisé et réactif.
Cette 44è édition du FIFF a réussi son pari. Malgré deux ans d’interruption pour cause de Covid, il a vu revenir un public nombreux, avec plus de 20 000 entrées. Une fréquentation particulièrement précieuse dans le contexte actuel. La fondatrice du FIFF, Jackie Buet, est plus que satisfaite du bilan 2022 : « J’éprouve beaucoup de fierté et de joie pour ces retrouvailles. Car, malgré un contexte violent, de Kaboul à l’Ukraine, nous avons retrouvé cette année notre public. Public d’une incroyable vitalité, qui défend ce lieu, ce moment, cet événement, depuis tant d’années ! »
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Des réalisatrices du monde entier ont été réunies pendant 10 jours à travers 80 films. Le palmarès est à la hauteur de cette diversité. Le Grand Prix du Jury du meilleur long métrage de fiction a été attribué à Clara Sola, de la Suédo-costaricienne Nathalie Álvarez Mesén. Il retrace l’éveil d’une conscience féministe. Le prix du public a, lui, été remporté par l’Américaine Kelsey Egan pour son film d’horreur Glasshouse, révélant le goût des spectateur·trices pour les films de genre au féminin. C’était d’ailleurs l’objet d’une toute nouvelle section créée cette année : « Elles font genre ». Une réussite pour Jackie Buet : « Cette section a été particulièrement étonnante. Les réalisatrices programmées allient leur construction personnelle au maniement des codes du thriller, du fantastique, de la science-fiction ou de l’épouvante. Manier les codes et s’en affranchir, c’est ce voyage qu’elles nous ont proposé. Un travail d’orfèvre ! » Le public a si bien suivi que d’ores-et-déjà, la section est programmée pour l’année prochaine.
Les rencontres et les tables rondes ont été également des rendez-vous chaleureux. « Notre Invitée d’honneur Claire Simon nous a fait avancer dans le débat sur la passion amoureuse. La table ronde sur le cinéma des réalisatrices chinoises nous a permis de découvrir cette jeune génération. Et puis, voilà le charme imprévisible de ce festival, nous nous sommes aperçues que la maman de Kira Simon-Kennedy (productrice du film documentaire Ascension) est la coproductrice du film Be Natural de Pamela B. Green sur Alice Guy ! L’héritage est transmis… »
Contexte oblige, les réalisatrices invitées cette année n’étaient pas toutes présentes. « Mais celles qui ont fait le chemin jusqu’à nous et que nous avons pu entendre et rencontrer à Créteil nous ont émerveillées par leur propos, leur lucidité, leur créativité. Elles ont contribué à réconforter et à réveiller nos consciences. » Ainsi, lors de la soirée en soutien aux femmes afghanes, l’actrice et réalisatrice Marina Golbahari, a marqué la rencontre : « J’attends des nouvelles de Kaboul dans une grande inquiétude » a‑t-elle rappelé.
On peut faire confiance à l’infatigable Jackie Buet pour être déjà mobilisée en vue du festival 2023. « Avant cela, nous allons rassembler notre public tout au long de l’année, lors de rencontres Hors les Murs. Et en mars 2023, nous mettrons les Françaises au centre d’une grande section : Nos ancêtres les Gauloises, de Varda à Ducourneau. » Ajoutons que pour cette prochaine session, la fondatrice du FIFF publiera un livre, racontant ses 45 ans de festival… On se prépare à plusieurs volumes !
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