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Réouverture des ciné­mas : « Slalom », glis­se­ment pro­gres­sif vers l'emprise

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© Charlie bus production

Bien que trai­tant d’un sujet gla­çant – les abus sexuels dans le sport – Slalom ne se casse jamais la gueule. Grâce à Noée Abita et Jérémie Renier, ses deux inter­prètes au som­met. Mais pas que ! Explications avec Charlène Favier, sa réalisatrice-autrice-productrice…

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© Olivier Viguerie

Causette : Le thème de Slalom – les abus sexuels dans le sport de haut niveau – n’est vrai­ment pas ano­din. Pourquoi l’avoir choi­si pour votre pre­mier film ? Est-​ce un récit auto­bio­gra­phique ? 
Charlène Favier : Non, pas tout à fait. Je n’étais pas aus­si bonne en ski que Lyz, mon héroïne ! [Sourire.] Mais ce thème n’a pas sur­gi de nulle part. Disons qu’il est né de mes entrailles… Parce que c’est une his­toire que j’ai long­temps mise sous le tapis. J’ai pra­ti­qué beau­coup de sports, et j’ai connu, moi aus­si, des rela­tions d’emprise et subi des vio­lences sexuelles dans le milieu spor­tif alors que j’étais ado­les­cente. Or, comme beau­coup de vic­times, j’ai inté­rio­ri­sé pen­dant de nom­breuses années. Ce n’est qu’en 2014, lorsque j’ai inté­gré l’atelier scé­na­rio de la Fémis [l’une des grandes écoles de ciné­ma en France, ndlr] que j’ai eu envie de tra­vailler sur ce thème. Plus exac­te­ment sur le thème du consen­te­ment. J’avais alors 29 ans, et c’était bien avant #MeToo… 

Vous vou­lez dire que le film a été dif­fi­cile à mon­ter ? 
C. F. : Je suis copro­duc­trice du film, ça répond indi­rec­te­ment à votre ques­tion ! De fait, aucune grosse chaîne de télé­vi­sion n’a vou­lu me suivre. Tout le monde me disait que le scé­na­rio était bien écrit, mais tout le monde me disait non. Sauf Édouard Mauriat, le copro­duc­teur de Slalom. Lui a tout de suite cru en moi. Heureusement qu’il était là !

Deux scènes d’abus sexuels jalonnent Slalom.
Elles sont d’autant plus bru­tales que vous mon­trez, avec beau­coup de finesse par ailleurs, les failles de Lyz et la mise en place de l’emprise du coach sur elle… 

C. F. : Elles étaient ultra-​nécessaires, elles sont même les deux piliers du film. Parce que c’est ça que je vou­lais racon­ter : le trau­ma­tisme. Comment ça arrive, com­ment ça se passe et qu’est-ce qui va pous­ser Lyz à dépas­ser ce trau­ma. Lyz, au départ, est inca­pable de dire non, sinon elle n’a plus per­sonne. Ses parents vivent leur vie, elle n’est accom­pa­gnée par aucun adulte, elle est en besoin d’amour… sauf qu’elle ne sait pas ce qu’est l’amour. Personne ne lui a expli­qué. En fait, tout le récit montre com­ment elle va apprendre à dire non. 

C’est aus­si un beau film, esthé­ti­que­ment par­lant ! L’image et le son, hyper soi­gnés, ins­tallent un cli­mat tout à fait sin­gu­lier. Expliquez-nous…C. F. : J’ai une croyance très forte dans le pou­voir des images. Peut-​être parce que le ciné­ma m’est tom­bé des­sus tar­di­ve­ment, à 22–23 ans, et qu’il a chan­gé ma vie. Grâce à lui, j’ai trou­vé un ter­ri­toire et une famille. Bref ! J’avais envie que ce film soit un voyage émo­tion­nel, qu’il nous donne à voir l’univers men­tal de Lyz. Raison pour laquelle, par exemple, les mon­tagnes peuvent être fas­ci­nantes ou cau­che­mar­desques, selon ce qu’elle vit…

On vous sent très impli­quée de toute façon. Est-​ce
à dire que le ciné­ma est néces­sai­re­ment un lieu d’engagement pour vous ? 

C. F. : C’est hyper impor­tant ! Je ne suis pas mili­tante, mais j’ai envie de faire des films qui dénoncent et ouvrent la parole. D’ailleurs, j’ai plu­sieurs pro­jets à venir qui, tous, sont très axés sur les droits des femmes…

Voir la bande-​annonce du film 

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