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Benoît Poelvoorde dans "Normale", d'Olivier Babinet

Benoît Poelvoorde : « J'ai beau ne pas avoir d'enfant, y a rien à faire, ça vient natu­rel­le­ment de les prendre sous son aile »

Il est mer­veilleu­se­ment drôle et tou­chant en père veuf, malade, un peu geek et mal éle­vé, d’une ado dans Normale, le joli film rêveur d’Olivier Babinet en salles mer­cre­di 5 avril. Rencontre avec Benoît Poelvoorde, qui dit pré­fé­rer « par­ler fort plu­tôt que par­ler de lui », mais se prête gen­ti­ment au jeu de l’interview…

Causette : Qu’est-ce qui vous a séduit dans l’histoire de cette col­lé­gienne pre­nant soin de son père, veuf et malade ? Que le film ne cherche jamais à s’apitoyer… ou que le père, votre per­son­nage, élève sa fille à grand ren­fort de piz­zas et de films d’horreur ?
Benoît Poelvoorde : En fait, j’ai ren­con­tré Olivier [Babinet, le réa­li­sa­teur, ndlr] avant même d’avoir lu son scé­na­rio. Et j’ai qua­si­ment dit oui à l’issue de cette ren­contre tel­le­ment le bon­homme m’a plu ! Il y a quelque chose de gen­til, de bien­veillant chez lui, c’est rare dans le ciné­ma, c’est un truc qui me touche. Et puis la cohé­rence de son dis­cours… Il a fait des choix très per­son­nels, très artis­tiques dans son film. C’est vrai qu’il arrive à abor­der son sujet de façon impec­cable, alors que le côté « petite fille et mec malade », ça pour­rait vite deve­nir misé­ra­bi­liste et faire peur. Or pas du tout ! Son héroïne, Lucie, est juste une jeune fille épous­tou­flante et grâce à Justine [Lacroix, sa par­te­naire de jeu], on y croit ! Il faut dire que la dyna­mique entre nos deux per­son­nages s’est mise en place très tôt. J’ai vou­lu faire les cas­tings avec elle. Je l’ai fait gen­ti­ment, pour aider. Parce qu’à cet âge-​là, ce genre d’exercice est difficile…

Un réflexe très pater­nel ! Précisément, les liens père-​fille struc­turent tout le film. Or vous n’avez pas d’enfant dans la « vraie vie » : cela vous a fait dou­ter au départ ?
B.P. : Pas vrai­ment. J’ai déjà été papa dans plu­sieurs films, et puis j’ai été enfant. J’ai per­du mon père assez jeune, mais j’ai tou­jours ma maman. J’ai eu la chance d’avoir une mère qui m’a énor­mé­ment aimé, j’ai donc pui­sé dans mon quo­ti­dien, tout sim­ple­ment. Et puis, y a rien à faire, ça vient natu­rel­le­ment de pro­té­ger une enfant, de la prendre sous son aile. Je vois bien, là, alors que je suis en pro­mo pour le film avec Justine… Je la ras­sure. Je l’emmène avec moi pour telle ou telle émis­sion de radio alors qu’elle n’est pas invi­tée, et je lui dis t’inquiète pas ! L’émerveillement qu’elle a, face à tout ça, c’est un peu l’émerveillement que l’on perd en vieillis­sant. C’est une sorte de relais.

Olivier Babinet, l’auteur-réalisateur de Normale, a pris plai­sir à mélan­ger les genres pour racon­ter son his­toire. Il dit aus­si que s’il vous a choi­si, c’est parce que vous êtes « un genre à vous tout seul ». Qu’en pensez-​vous ?
B.P. : Ah, c’est joli ! C’est un peu comme mon épouse, quand elle me dit que je suis un spé­ci­men. Oui, c’est assez logique que je défende Normale vu que j’ai du mal à m’inscrire dans la norme… Mais qu’est-ce que c’est la norme ? Il m’arrive sou­vent, par exemple, de sif­fler quand je fais des courses, pen­dant des heures, sans m’en rendre compte. Je suis au rayon cor­ni­chon et je suis seul dans ma tête. C’est ma femme qui me le fait remar­quer, parce que moi c’est mon monde, je m’en fous. A ce sujet, il m’est arri­vé un truc très mignon, pen­dant le tour­nage de Normale d’ailleurs, enfin pen­dant que j’étais arrê­té. J’étais bien malade, une pneu­mo­nie, et j’étais dans un maga­sin quand une dame s’approche et me dit : « Mais qu’est-ce qui vous arrive ? Vous ne sif­flez pas, vous êtes malade ? » Hé bien ça m’a ému ! Tout ça pour dire que je pense que tout le monde est un genre à lui tout seul… et que je pré­fère sif­fler dans ma tête plu­tôt que de por­ter des écou­teurs. Chacun son sys­tème pour tenir le coup !

Normale, d’Olivier Babinet. Sortie le 5 avril. 

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