À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, ce vendredi 25 novembre, France Télévisions adapte avec brio le texte de Giulia Foïs, dans lequel la journaliste raconte son viol et le long chemin de reconstruction. Une sur deux, filmé comme une pièce de théâtre, sera diffusé ce vendredi soir à 21h sur France 5.
Une jeune femme aux cheveux courts, à peu près la vingtaine, parle face caméra du récent viol qu’elle a subi. Elle initie un cercle de parole qui ne se refermera qu’à la fin. Pendant 1h30, vingt-quatre femmes, la plupart actrices, vont se relayer pour lui redonner le goût de vivre et la force de se battre. Voici le décor du film réalisé par Ybao Benedetti, Une sur deux, adapté et mis en scène par Emmanuel Noblet. « Adapté », car les paroles de ces femmes ne nous sont pas inconnus. Chacune d'elles récitent les mots, couchés auparavant sur du papier, par la journaliste Giulia Foïs dans son livre Je suis une sur deux, publié en 2020. Monté comme une pièce de théâtre (Emmanuel Noblet vient de cet art), le film sera diffusé ce vendredi soir à 21h sur France 5, à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, puis disponible en replay sur France.tv.
Dans ce livre puissant, dont le titre fait référence au nombre de femmes en France qui sont ou seront, au moins une fois au cours de leur vie, victimes de violences sexistes et sexuelles, Giulia Foïs décrit le « bon viol » dont elle fut victime à l'âge de vingt ans. C’est-à-dire celui qu'on ne met pas en doute parce qu’il est perpétué par un inconnu dans la rue : le seul que la société imagine comme acceptable. Elle raconte aussi les trois longues années de procédure avant le jugement, où le coupable, cet inconnu, un « bon contribuable, footeux et père de famille », fut acquitté.
Transmettre un récit universel
Du livre à la caméra, la vingtaine de comédiennes se relaient dans l’intimité de l’habitacle d’une voiture à l’arrêt, pour dire l’horreur, la peur, la sidération inévitable et puis la culpabilité sournoise aussi. En somme, le long chemin, jamais achevé, de la reconstruction. Chacune prend sa part du livre. Toujours par deux, celle qui parle transmet le témoin, le bâton de parole, à celle qui l’écoute et reprend ensuite le récit. Et ainsi de suite. Camille Cottin, Anna Mouglalis, Camille Chamoux, Julie Gayet, Sabrina Ouazani, Linh-Dan Pham, Anne Benoît ou encore Assa Sylla ‑pour ne citer qu’elles – déconstruisent tour à tour, avec une intensité inondée de douceur, les clichés autour du viol et de « la bonne victime ». Elles rappellent aussi deux choses qu’il ne faut jamais cesser de rabâcher : que cela peut arriver à n’importe qui. Et que le coupable, c’est toujours le violeur.
La succession de monologues peut certes être décourageante, mais l'adaptation subtile et tellement intimiste du propos, donne l'impression captivante d'être, nous aussi, dans l'habitacle de cette voiture. Une prise de vue tellement confidentielle qu'elle peut, en revanche, venir réveiller des traumatismes passés chez le·la téléspectateur·trice. Car ce n’est pas seulement le récit de Giulia Foïs. Ni tout à fait celui d’une femme isolée, meurtrie, qui revient à la vie. C’est un récit universel, celui d'une femme sur deux aujourd'hui en France. Un récit d'espoir aussi, que Giulia Foïs à travers la voix de Anna Mouglalis, résume ainsi : « Un jour, tout refera sens. »
Voir la bande annonce d'"Une sur deux"
Une sur deux, d’après Je suis une sur deux de Giulia Foïs publié chez Flammarion en mars 2020. Adapté et mis en scène par Emmanuel Noblet et réalisé par Ybao Benedetti. Vendredi 25 novembre à 21h sur France 5 puis en replay sur France.Tv.